Des sœurs siamoises, un homme à trois jambes, le général Tom Pouce, une femme-tronc… L’homme à la tête de lion est-il « l’un d’entre eux » ?
Lauréat du prix Fnac – France Inter 2021, avec la remarquable adaptation du 1984 de George Orwell qu’il maturait depuis quinze ans, Xavier Coste est passé en un livre du succès d’estime au statut d’auteur reconnu et attendu. Il aurait pu continuer sur la lancée, adapter La Ferme des animaux du même Orwell, ou Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, et tout le monde aurait applaudi, mais l’artiste craint trop la répétition. Xavier Coste, après son premier succès de librairie, avait encore à se prouver sa capacité à faire une œuvre sans la tutelle d’un romancier prestigieux. Le voilà donc parti sur des chemins artistiques inédits avec une création, un roman historique chez les phénomènes de foire, ceux-là mêmes que Tod Browning a immortalisés dans son film maudit : Freaks – La Monstrueuse Parade, en 1932.
Le freak, c'est chic
L’Homme à la tête de lion raconte la vie d’Hector Bibrowski, un homme couvert de longs poils blonds lui donnant l’aspect d’un lion. Pas de sauvagerie dans ses exhibitions : loin de tenter d’effrayer son public, Hector le captive en jouant les érudits, en maîtrisant cinq langues, en dissertant de littérature ou en récitant des poèmes, à une époque où l’éducation n’est pas encore très répandue. Loin de la scène, Hector dessine, franchement bien… mais c’est son jardin privé, un territoire qu’il ne montre à personne. Repéré par le propriétaire ambitieux d’un grand cirque américain, Hector va connaître la trahison et l’amitié, la rivalité et la gloire. Est-ce vraiment la vie dont il rêvait ?
L'homme à la tête de lion © Sarbacane, 2022
Au poil !
En plus d’utiliser d’authentiques artistes de cirque qui ont fasciné le public dans les années 1920, Coste ajoute sa patte graphique avec un dessin beau et original, texturé à gros points, comme les vieilles affiches de cirque. Alors, réussi ? Oui, vraiment ! Un livre superbe et généreux.