L’Esprit du 11 janvier est mort ? Pas si sûr.
11 mars 2016
-Interview
Collectif, Barral, Christophe Chabouté, Gess, Richard Guérineau
Éditeur : Phileas
Scénario : Collectif, Barral, Christophe Chabouté, Gess, Richard Guérineau
Prix : 19.90€
Scénario
4.0Dessin
4.0Le crime parfait est le triomphe de la préméditation ! 15 auteurs de bandes dessinées revisitent un des plus grands fantasmes du roman policier : le crime parfait. 11 récits pour explorer le génie criminel ! "Le crime parfait est le triomphe de la préméditation, le criminel doit non seulement camoufler son crime s'il le peut, mais même prévoir toutes les circonstances qui entourent ce crime de manière à ne laisser aucune trace, de façon à ce que son crime se déroule, en quelque sorte, automatiquement.
Un jour ou l’autre, un moment très important survient dans notre vie : la mort. Elle est parfois rapide, parfois pénible, parfois douloureuse, parfois soudaine. Le décès peut prendre bien des formes. Et lorsque cette mort est causée par quelqu’un, ce dernier devient « l’auteur » d’un crime. N’y a-t-il pas dans ce terme une volonté d'ajouter un sens artistique à l’acte ?
Cette série de petites histoires est axée sur l’art du meurtre (à l’exception d’un crime sans le moindre mort). Chaque auteur y a mis sa patte, narrative comme graphique, au service d’un mini-polar. Gess (l'auteur de La Malédiction de Gustave Babel et Un destin de trouveur), Jean-Paul Krassinsky (La Malédiction des idiots) et une dizaine d'autres artistes (Chabouté, De Metter, Guérineau, Holgado, Liéron, Moynot, O’Griafa, Peyraud, Pomès, Rabaté, Sandoval et Seltzer) rivalisent d’inventivité sur le sujet.
Le Crime parfait © Phileas
Mais au fil des histoires courtes, on finit par comprendre que la perfection dont il est question dans l’art de tuer (si c’en est un) ne consiste pas forcément à échapper aux forces de l’ordre manque de preuve ou d’éviter la moindre victime avérée. Non, parfois, la perfection du crime se révèle dans sa chute et son ironie.
À défaut d’un peu de justice, il faudra se contenter de l’ironie du sort.
Le concept ludique de la mise en place de chaque histoire est, il faut le reconnaître, assez captivant. Le Pépère de Moynot est admirable sur sa chute… un crime parfait, là où on ne l’attendait pas. Les variations de dessins et de structures narratives sont bonnes. Sandoval et O’Griafa font dans le flashback quand Rabaté propose un récit beaucoup plus linéaire. Bref, c’est varié et chaque petite histoire donne envie de lire la suivante. On tourne chaque page de l’album avec curiosité pour voir dans quel univers sordide tel(s) auteur(s) décide(nt) de nous embarquer.
Le Crime parfait © Phileas
Cependant, on regrettera parfois une facilité des scénaristes à toujours compter sur l’ironie du sort pour s’affranchir de tout délit d’amoralité. Par exemple, le principe de faire passer l’auteur du forfait pour une victime comme pour atténuer la tragédie qui a eu lieu (je pense notamment à la première histoire de Gess ou celle de Peyraud et Liéron) est quelque peu sans surprise. Et puis donner au criminel une forme d’intelligence et de génie dans son acte… N'est-ce pas un poil licencieux !
Notons que Nicolas Barral s’est contenté de la couverture courante de l’album : bonne sans casser trois pattes à un canard. La couverture alternative de Guérineau (réservée aux librairies du réseau Canal BD) pourra peut-être s’avérer plus aguichante au regard de certains. C’est un détail, certes, mais pas négligeable pour les lecteurs qui accordent de l’importance à la première de couverture.
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