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Madones et putains

couverture de l'album Madones et putains

Éditeur : Dupuis

Scénario : Nine AnticoDessin : Nine Antico

Collection : Aire Libre

Prix : 23.50€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
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Le synopsis de l'album Madones et putains

A travers trois nouvelles, inspirées de destins véridiques, Nine Antico brosse un instantané de la condition des femmes dans l'Italie du XXe siècle. Il y a d'abord Agata, envoyée par son père dans un sanatorium pour échapper au scandale public déclenché par l'assassinat de sa mère par son amant. Puis Lucia, tondue et écartée de la vie sociale à l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour avoir couché avec un soldat allemand. Et enfin Rosalia, placée sous protection de témoins après avoir livré le nom de plusieurs mafieux de son village... Ces trois jeunes femmes, portant toutes des noms de saintes, seront sacrifiées sur l'hôtel des valeurs sociétales malgré leur détermination, leur courage ou leur innocence... Madones et putains : un récit puissant comme un drame antique et précis comme une étude sociologique, dont la beauté graphique comme le propos ne peuvent laisser indifférent.


Dur d'être femme dans l'Italie du siècle dernier

Nine Antico nous avait laissés bouche bée à la lecture d'Il était deux fois Arthur. Dans Madones et putains, toujours chez Aire Libre, elle brosse le portrait foudroyant de trois Italiennes rejetées. Un témoignage poignant sur la condition féminine.

Elles se prénomment Agata, Lucia et Rosalia. Ces trois Italiennes ont vécu dans la Botte au siècle dernier et partagent un bien triste point commun : elles ont été rejetées par la société, chacune à leur manière. Agata fut une enfant cachée, fille d'une mère assassinée. Lucia, considérée comme une femme de petite vertu, a fini par pousser aux antipodes la condition qu'on lui avait infligée : vendre son corps. Enfin, Rosalia, martyre de la Cosa Nostra devenue un symbole de la lutte contre la mafia sicilienne, a fini par mettre fin à ses jours tant la pression était insupportable.

Toutes trois ont soulevé des mouvements de femmes italiennes rêvant d'une autre condition que celle infligée par le patriarcat dominant et le machisme exacerbé. A travers trois nouvelles, l'autrice Nine Antico peint un tableau au vitriol de cette société dans laquelle les femmes n'ont droit de cité que si elles sont réduites au rang de simples objets. L'ensemble, qui fait le lien en jetant des passerelles entre les trois histoires, est un état des lieux sans fard de la place de la femme dans la société italienne et d'une condition féminine qui a longtemps semblé limitée à ce triste rôle.

Madones et putains


Madones et putains
©Dupuis, 2023

Le noir et blanc épais et profond, teinté d'une touche de rouge quand le sang ne parvient plus à rester dans les corps, fait éclater des pages dessinées à la hache pour abattre l'oppresseur. La lecture est d'une grande fluidité car le graphisme avance avec le naturel d'un cheval au galop. C'est aussi beau que dérangeant. Aussi percutant que crédible. Ces femmes n'ont pas choisi leurs vies. Ou quand elles ont tenté de le faire, tout était là pour leur rappeler qu'elles n'avaient pas la maîtrise de leur destin. Nine Antico leur rend un vibrant hommage. Ces madones et putains piquent au vif, dans le cœur d'une bande dessinée ô combien nécessaire.

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