Makyo entraîne le lecteur dans un registre qui lui est familier : l’ésotérisme, mis en valeur par un dessin plaisant brossé à grands traits. Mentorée par un vieil écrivain, Camille ouvre sa conscience à la Nature, mais pas sans heurts…
Pierre Makyo a imaginé l'histoire de Camille, dont la mère fut l'amante éphémère d'un écrivain-philosophe célèbre, Roland Mars. La jeune femme passe du temps devant l'imposante propriété du vieil homme. Un soir, alors qu’elle contemple les étoiles, Mars l'invite chez lui. Il lui offre un étrange emploi : passer ses journées dans sa maison en s'occupant de ses plantes, entourée de trophées d'animaux accrochés aux murs. Peu à peu, une étrange alchimie se produit dans ce lieu insolite.
Le dessinateur Luca Casalanguida, au style rapide à grands coups de pinceau, traduit bien l'ambiance. Sa technique est sans faille, mais l’aspect contemplatif et immersif de certaines scènes aurait peut-être été mieux rendu par un dessin plus détaillé. Cela dit, l'urgence du propos se fait parfaitement ressentir.
Celle qu'il n'attendait pas © Delcourt, 2023
Makyo va dans la direction de l'ésotérisme qu'il affectionne. Mars symbolise le vieux sage dans la transmission. Camille, elle, est dans une phase introspective une grande partie du récit, jusqu'à ce qu'une force nouvelle l'habite, issue de la fusion de son esprit avec le monde végétal et animal. Amélie, sa copine, est une victime, mais elle choisit d'agir (parfois sans beaucoup de discernement). Les deux jeunes hommes qui apparaissent dans le récit, assez caricaturaux, sont des salauds. L’air du temps ? Camille peut aussi devenir surprenamment violente, ce qui brouille potentiellement le message.
Est-ce une BD sur la transmission ? Sur l'harmonie à retrouver entre l'être humain et la Nature ? Sur la relation homme-femme ? Un peu tout ça, sans doute, mais la dernière dimension est abordée sous un angle assez lapidaire. On ressort de la lecture avec le sentiment d’être parfois entré insuffisamment dans la vie des personnages.
Un point à retenir : Makyo réussit à boucler proprement son histoire en un seul tome, sans une inflation excessive du nombre de pages ; ce qui est devenu rare en BD. Une lecture agréable.
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