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Garafia

couverture de l'album Garafia

Éditeur : Rue de l'échiquier

Scénario : Elias TañoTraducteur : Inès Hinojo-Moulin

Collection : Rue de l'Echiquier BD

Prix : 19.90€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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La critique ZOO sur l'album Garafia

Garafia, c'est l'histoire de l'exode canarienne vers l'Amérique du Sud sous la dictature espagnole de Franco. A travers le parcours de vie de ses grands-parents, Gloria et Inocencio, un couple de paysans de l'île de La Palma, l'illustrateur espagnol Elias Taño raconte cette fuite dans une BD qui prend aux tripes. Son dessin est d'une rare originalité. Un titre universel.

Dans les années 1950, sous le joug sanguinaire de Franco, de nombreux Canariens, en particuliers des habitants de la Palma, l'île la plus au nord-ouest des sept que compte l'archipel des Canaries, ont fui au Venezuela. Souvent travailleurs de la terre, pauvres, ils étaient ceux qui partent. Mais ce qui les attendait dans cette autre dictature n'était pas toujours plus rose. En espérant qu'ils gagnent une poignée de monnaie, leurs femmes et leurs enfants les vivaient sur l'île, sous le regard malveillant et inquisiteur des gardes espagnols : elles étaient celles qui restent.

C'est ainsi que le Venezuela est devenu « la huitième île des Canaries » : il ne restait alors plus qu'un quart d'hommes sur la Palma. Certains sont revenus, d'autres ont fait fortune et refait leur vie, à Caracas ou ailleurs. C'est cet exode que raconte l'illustrateur espagnol Elias Taño dans cette vibrante bande dessinée. Il s'appuie sur l'histoire de ses grands-parents, Gloria et Inocencio, un couple de Garafia, petite commune plantée au nord-est de La Palma.

Garafia

Garafia ©Rue de l'échiquier, 2023

Son graphisme coupe le souffle. Ses décors géométriques et ses personnages aux visages asymétriques et aux traits anguleux apportent une force incroyable à son récit. L'auteur se défend de prétendre raconter l'histoire exacte de ces migrants. Il mêle d'ailleurs volontairement la fiction à la réalité car les traces de témoignages exploitables de cette période relèvent presque exclusivement de l'oral. En particulier de ce qu'a pu lui raconter son grand-père, Inocencio.

Garafia, c'est l'histoire très prenante des gens contraints de quitter leur nid. Sans fard ni facette larmoyante, mais dans un pur récit authentique. La narration est sincère, le dessin une vraie claque. Le coup de crayon sort clairement des sentiers battus, livrant un graphisme d'une rare originalité.

« Je ne sais pas si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les Cubains, insulaires tout comme les Canariens, ne se sont jamais définis comme tels [...] La réponse est que, pour nous, les seuls « insulaires » au monde sont les Canariens. Lorsque Cuba était une colonie espagnole, et alors que les Canaries étaient considérés comme faisant partie de la métropole, il n'est jamais venu à l'esprit des Cubains de considérer les Canariens comme leurs oppresseurs. L'habitant des îles Canaries était le plus humble des migrants. Il n'est pas allé à Cuba comme un oppresseur ou un exploiteur. Il est venu pour travailler et se battre à nos côtés. Il a contribué à forger le pays grâce à son implication sans faille. Il a souffert avec nous. Il s'est battu à nos côtés. Il a créé une famille. Et quand le moment est venu, lui aussi s'est rendu digne, comme tout le peuple, de la patrie libre et révolutionnaire dans laquelle nous vivons aujourd'hui. » Ces mots de Fidel Castro sont la préface de Garafia. Une bande dessinée incontournable, à lire d'urgence.

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