Suite et fin de ce diptyque hommage au roman-feuilleton qui fleure bon La Belle Époque. Rodolphe partage son plaisir à imaginer une enquête dans le milieu spiritiste, portée par la palette aux accents fougueux d'Oriol.
Théo a réussi à échapper à ses ravisseurs (cf. tome 1). Avec son ami égyptologue Hugo, il poursuit son enquête autour de la disparition d'un sarcophage du Louvre. Objet que convoite également Aleister Crowley et sa secte d'allumés. (Les lecteurs du journal de Spirou d'il y a une bonne quarantaine d'années se rappellent sûrement la démarque Alceister Crowley sous le pinceau d'Antonio Cossu.)
Rodolphe, inspiré par l'ambiance et l'époque, nous offre entre autres un séjour dans un château très « Moulinsart » (et ce n’est pas un hasard), où le propriétaire des lieux vit avec des serviteurs automates sacrément sophistiqués (rappel : nous sommes à la fin du XIXè siècle) ainsi qu’avec sa fille Léone, charmante et entreprenante, mais un peu bizarre la nuit, comme Théo va pouvoir le constater. Autres scènes de l’album : une messe noire dans une cave, une rencontre mouvementée dans un cimetière la nuit, une cérémonie païenne dans une forêt... Action, rebondissements, les événements s’enchaînent avec gourmandise sous la plume du scénariste, sans que la tension dramatique ne soit vraiment pesante. Comme si le scénariste nous disait en filigrane « tout cela n’est pas bien sérieux ».
L'or du temps, tome 2
© Daniel Maghen, 2023
Mais ce qui marque le plus est le dessin aux couleurs intenses du talentueux Oriol. Avec le style pictural du dessinateur espagnol, les visages sont à peine esquissés, mais on reconnaît sans peine les différents protagonistes de l'histoire, bien caractérisés par leur morphologie et leurs vêtements. Les planches sont de toute beauté et visuellement assez audacieuses.
Tout concourt donc à ce que ce voyage dans le Paris de La Belle Epoque soit plaisant et dépaysant, avec cet esprit feuilletonesque qui lui sied bien. La réflexion philosophique concluant l’album fait penser à celles dont Jacobs nous gratifiait dans la dernière case des albums des aventures de Blake et Mortimer.