A la recherche de l'homme sauvage

Augustin Bertin, rêveur en quête d’absolu ; Capitaine, aviateur porté sur la boisson ; Gamouk, mi-chien Milou… Tous trois perdus dans les montagnes d’Asie centrale, sur les traces d’une créature légendaire. Une réécriture fantastique de Tintin au Tibet nourrie de belles références. Une expédition aux confins de l’imaginaire.

Augustin Bertin dessine depuis toujours des singes, des hommes sauvages aux longs poils et au visage grimaçant. Ces nuits sont peuplées d’étranges cauchemars simiesques. Il est hanté par la figure du yéti. Adulte, Augustin devient un brillant paléontologue. Il travaille au Museum d’histoire naturelle de Paris. Jusqu’au jour où il découvre le récit de l’expédition d’un savant russe parti en quête du yéti, quelque part là-bas, dans les montagnes afghanes. Augustin laisse tout derrière lui, son travail, sa petite amie, sa carrière. Le yéti l’attend…

Frédéric Bihel rend hommage à toutes ses lectures d’enfance : de Jules Vernes à Saint Exupéry en passant par Rudyard Kipling. Mais aussi, et surtout, à Hergé. Des clins d’œil se glissent à chaque page, dans presque chaque case : avec des toponymes familiers, des noms propres déguisés et des personnages revisités. Un jeu de piste savoureux pour tout amateur !

A la recherche de l'homme sauvage
© Delcourt, 2023

Au-delà des références et de l’hommage hergéen, l’aventure d’Augustin est passionnante. Avec la même exaltation fiévreuse que le jeune homme, nous arpentons les terres fantastiques du Wikistan. Traversant les pays, les âges et les cultures, nous pénétrons dans un monde parallèle où la magie règne. Parviendrons-nous au bout de cette quête insensée et obsédante ?

Frédéric Bihel dessine aux crayons à papier gras, épais, sombre. L’esthétique d’A la recherche de l’homme sauvage rappelle les croquis d’un carnet de voyage. L’auteur glisse des photos d’époque, des extraits de textes scientifiques, des gravures, des cartes. Le tout à la frontière du réel. L’album se pare d’une brume légère, couvrant du voile du fantastique tout le voyage d’Augustin. Les jeux d’ombre sont rois, du Paris des années 70 et ses ruelles sombres au Wikistan et ses montagnes venteuses.

Une belle lecture, ode aux explorateurs partis vers un ailleurs et aux œuvres porteuses d’imaginaires.