Dans les années 60-70, être une femme, militante du mouvement noir, communiste et défenseuse des minorités, c’est un combat de chaque instant et Angela Davis en est l’une des meilleures incarnations.
Décrire la vie d’une personnalité aussi emblématique qu’Angela Davis implique forcément de faire un certain nombre de choix narratifs, des « partis-pris » pour ne pas s’éparpiller, tant le sujet est riche en pistes, en revendications. Mariapaola Pesce et Mel Zohar ont donc placé leur récit entre le retour d’Angela de son séjour européen en 1967 et sa libération de prison le 4 juin 1972. Des années qui vont à la fois la faire entrer dans l’Histoire et être les pierres fondatrices de tous les combats qu’elle ne va cesser de mener ensuite.
© Des ronds dans l'O, 2023
La difficulté avec ce type d’album au sujet très fort c’est que le propos peut facilement prendre le pas sur le travail des auteurs. Ainsi, fortes de leur admiration pour cette incroyable et impressionnante figure militante, les deux autrices se concentrent sur des phases importantes qui permettent de mettre en avant l’évolution d’une cause, du contexte dans lequel Angela doit évoluer, nimbé de racisme, de violence et de sexisme éhonté, qui rend chaque positionnement complexe. Toutefois, dans cette période trouble en recherche de repères forts, cet album réhabilite l’idée d’une nécessaire prise de conscience, à la fois importante et vitale. Si Angela Davis reste dans les mémoires, c’est pour ce qu’elle a apporté, pour ses convictions, ses combats contre la guerre du Vietnam, pour l’égalité des femmes, contre les inégalités ; c'est cette personnalité sans compromis, entière et fascinante… Une figure forte, un modèle.