Carnet de prison est le récit de l’expérience carcérale de Galien. Le dessinateur de presse a animé un atelier de dessin en prison à Caen. Bouleversé par ses rencontres, il nous fait découvrir avec brio un monde à part aux multiples zones d’ombre.
« En octobre 2014, la maison d’arrêt de Caen m’a ouvert ses portes afin d’y animer un atelier de dessin. » Jusqu’en décembre 2016, Gallien côtoiera par intermittence le terrible monde carcéral, ses détenus et ses surveillants. Un atelier de dessin en prison : « Mais… Ce n’est pas un peu dangereux ? » « Mais non, c’que tu vois à la télé, c’est pas la réalité, tu sais ! ça te tente ? » Commence la découverte d’un monde méconnu et douloureux.
Galien, dessinateur de presse (notamment pour l’excellent journal Fakir), réalise un portrait de la prison de Caen et de ses habitants. L’atelier de dessin qu’il a assuré pendant plusieurs années est l’occasion de dresser une série de portraits et d’histoires vraies, aussi différents que les prisonniers.
Carnet de prison
© Steinkis, 2023
Carnet de prison nous emmène dans un lieu qui est par essence connu de seuls ceux qui y ont séjourné ou qui y travaillent. On découvre la triste réalité d’un milieu étouffant et surpeuplé. En 2019, la maison d’arrêt de Caen hébergeait 384 personnes pour 269 places.
« La prison est l’angle mort de notre société »
Galien questionne notre rapport à la morale, notre capacité ou non à ne pas juger des hommes pour leurs actes passés. Il aborde aussi la violence de la prison. « Tout le monde fréquente [la brutalité] et elle opprime naturellement détenus et gardiens : elle les tourmente dans le quotidien et devient le mode de fonctionnement ordinaire. »
Le découpage est proche du carnet de bord avec un petit format carré et souple. Les cases sont agencées comme des instantanés avec un texte éclaté. Le dessin aéré laisse toute la place aux visages des hommes et des femmes que l’auteur a rencontrés. Galien est un très bon portraitiste : ces visages précis portent toute leur histoire. Le dessin se subtilise au texte par moment, pour laisser les émotions vraiment infuser et effleurer la réalité de la vie dans la maison d’arrêt de Caen.
Un témoignage passionnant qui laisse pensif.
Carnet de prison
© Steinkis, 2023
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