Chasseurs de Sève

Adapté du livre de Laurent Genefort paru en 1999, Chasseurs de sève nous plonge dans l’univers fascinant de l’Arbre-Monde, pilier naturel de ce monde de branches gigantesques où cohabitent des centaines de tribus qui survivent grâce à la Sève. Un jour, un signal résonne, l’arbre est en danger.

Au centre du récit, il y a Pierig le sourcier qui a la capacité de lire le langage que lui transmettent les multiples ramifications de l’Arbre. C’est le premier à déceler un malaise dans les vibrations qui parcourent l’écorce, un blocage profond empêche la sève de circuler. Contraint par une tribu ennemie de participer à une mission périlleuse, il doit trouver ce qui met en danger l’Arbre et donc la Sève. Considéré désormais comme un prisonnier par ses compagnons de route dont la belle et sauvage Reva, il va devoir analyser les signes qui vont se présenter en s’aventurant dans des territoires jusque-là interdits.

L'Arbre-héros

Bien que l’on soit très clairement dans un récit à résonnance écologique, il n’est pas vraiment question ici de porter un jugement sur les débordements humains, mais bien plus de s’ouvrir à la nature et à son langage muet. Elle n’est plus simplement un environnement ou un mode de subsistance, elle est avant tout une entité vivante qui communique et qui peut éventuellement avoir ses propres souffrances. Toutefois, le propos est bien plus profond que cette formulation simpliste et c’est ce qui touche dans ce scénario dont le cadre est plus capital que les personnages eux-mêmes. Cette quête est d’ailleurs prétexte à découvrir cet univers, son fonctionnement et à comprendre que sans cette communion, rien ne serait possible.

© Les Humanoïdes Associés, 2023

Odyssée verte

Un scénario à la fois touchant et profond, allié à une virtuosité graphique qui éblouit dès les premières pages. Et même si Alexandre Ristorcelli ne lésine pas sur les détails, tout reste extrêmement lisible. Chaque plan transcendant le propos, magnifiant les décors, mêlant la beauté à l’étrangeté. Nous plongeons au cœur de ces pistes végétales, glissant sur des sentiers étranges, chevauchant des gouffres sans fond, croisant des créatures inquiétantes qui finissent en souper, sans oublier néanmoins que le cadre est tendu, les enjeux désespérés et l’issue incertaine. Une belle découverte.

Article publié dans le Mag ZOO N°91 Mars-Avril 2023