Taha Siddiqui est un journaliste qui a été contraint de quitter son pays sous la menace du gouvernement pakistanais et des talibans. Un témoignage sensible et instructif.
Attablé au Dissident Club, Taha Siddiqui se rappelle ce matin de 2018. Il monte dans un taxi : direction l’aéroport où un vol l’attend. Il n’atteindra jamais le tarmac. Le taxi est arrêté, Taha Siddiqui enlevé.
Avant d’en arriver là, Taha a grandi dans une famille pakistanaise en Arabie Saoudite. Son père se radicalise et le petit garçon n’aura plus ni goûter d’anniversaire, ni VHS Disney. À 16 ans, il retourne au Pakistan où la dictature règne. Le jeune Taha s’engouffre alors dans toutes les failles, là où la liberté frôle l’interdit. Après avoir connu le fondamentalisme religieux, il décide de lutter contre les dérives du régime. Il sera journaliste.

Dissident Club, Chronique d'un journaliste pakistanais exilé en France
©Glénat, 2023
Kashif Hussain, Noorul Hassan et les autres
Taha Siddiqui et Hubert Maury racontent avec humour une jeunesse au cœur de sociétés où la foi fait loi. Des interdits connus quand il était enfant naît un engagement pour la liberté de la presse. L’album est une réflexion sur la religion et son lien à la politique. Entre histoire contemporaine et chronique sociale, Dissident Club dresse le portrait du Pakistan et de l’Arabie Saoudite de la fin du XXe siècle.
Le dessin enlevé de Hubert Maury est dynamique et tendre, aussi vibrant que cette jeunesse en lutte. Les couleurs d’Ariane Borra et d’Élise Follin changent à chaque époque avec des monochromes ocre et rouge brique rehaussés d’un trait bleuté. À l’heure du retour des talibans en Afghanistan, une œuvre essentielle pour mieux comprendre le terreau politique et religieux d’une région méconnue.