En 2018, les médias s’emparent d’une étrange affaire : dans plusieurs communes limitrophes, des bébés naissant sans bras. Les institutions étatiques sont saisies. En 2023, toujours pas de réponse. Mélanie Déchalotte et Juin font la lumière sur le silence coupable de l’Etat et sur les causes de cette affaire. Une enquête passionnante.
En 2010, dans l’Ain, plusieurs bébés naissent sans bras. Dans un petit rayon de 20kms, plusieurs anomalies, normalement rarissimes, sont constatées coup sur coup. On s’aperçoit progressivement que c’est également le cas en Loire-Atlantique et dans le Morbihan… Malgré la médiatisation de l’affaire en 2018 et l’ouverture d’une enquête, les familles restent encore sans réponse des années après. Pourquoi ces bébés sont-ils nés sans bras ? Lorsque l’on comprend que l’industrie agro-alimentaire et la mauvaise gestion étatique de l’eau potable sont impliquées, le silence des autorités devient coupable…
Bébés sans bras, un déni sanitaire
© Les échappés, 2023
La journaliste Mélanie Déchalotte nous emmène à la rencontre des différents protagonistes de l’affaire : experts, familles, médecins. Et les conclusions sont accablantes : une omerta, dissimulée par une incompétence administrative plus ou moins volontaire, entrave toute investigation. Mélanie Déchalotte nous présente alors quelques éléments de réponse affligeants. Entre autres que la volatilisation des pesticides dans l’air, après application dans un champ, peut atteindre 90%... Mais aussi et surtout que les pratiques d’épandage et d’analyse des pesticides sont très mal encadrées.
On en apprend aussi énormément sur les réseaux d’eau potable en France. D’où provient l’eau de nos robinets ? Comment est-elle captée et traitée ? On découvre, par exemple, que des truitomètres sont utilisés pour contrôler la qualité de l’eau !
Juin, fidèle à lui-même, donne vie en quelques traits souples aux protagonistes de l’affaire. Il aère l’exposé précis de Mélanie Déchalotte avec ses dessins humoristiques (une mention toute spéciale à ses petits bidons de pesticides). Le seul regret est que chaque chapitre soit en bichromie. Les aplats forts de couleurs proches détournent du travail de Juin.
La maison d’édition Les échappés est dans la continuité éditoriale de Charlie Hebdo : une rigueur journalistique, de l’humour, un dessin de presse excellent de fluidité. Un album à se procurer !
Bébés sans bras, un déni sanitaire
© Les échappés, 2023
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