Étienne Appert s'est inspiré du travail journalistique de Gilles Farcet sur la Beat Generation, grand mouvement américain de liberté prônée par Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs, et dont les héritiers se nomment Patti Smith, Moebius... L'auteur en tire cette BD à la fois historique, philosophique et encyclopédique. Un témoignage aussi profond que précieux.
Il s'appelait Jack Kerouac et a écrit, entre autres livres, Sur la route et Les Clochards célestes. Il s'appelait William Burroughs, a malencontreusement tué sa femme au Mexique avant d'écrire Le Festin nu. Il s'appelait Allen Ginsberg, a marqué l'histoire de la poésie mondiale et influencé plusieurs générations, de la chanteuse Patti Smith à l'immense auteur de BD Jean Giraud, alias Moebius.
C'est cette dernière filiation qui a poussé l'auteur de BD Étienne Appert à revenir sur l'itinéraire de ces fers de lance de la Beat Generation, la route des beatniks qui ouvrira le monde au Flower Power et au mode de vie hippie. Le narrateur s'est appuyé sur les travaux du journaliste français Gilles Farcet. À la fin des années 1980, il est parti une semaine outre-Atlantique à la rencontre d'Allen Ginsberg. Avec, dans un coin de sa tête, l'idée de décrire aux auditeurs de France Culture ce mouvement hors-norme qui a eu tant d'influences musicales, graphiques, poétiques, philosophiques et spirituelles : la Beat Generation.

© La Boîte à bulles
Étienne Appert revisite la rencontre entre Gilles Farcet et Allen Ginsberg, mais aussi un dénommé Hank, poète maudit du Beat, qu'il rencontre chaque matin dans un café pour y recueillir son témoignage et ses souvenirs avant d'aller rejoindre Allen Ginsberg. L'auteur met cela en musique avec beaucoup de talent dans une épaisse bande dessinée, aussi psychédélique que terre à terre et bien réelle. De chaque page transpire l'influence des Beat sur le monde, leurs écrits, leurs frasques et leurs scandales comme autant d'aventures humaines.
Le dessin et les couleurs d'Étienne Appert se fondent à l'esprit et au décor de la Beat Generation. On ressent dans son trait abouti toute son envie d'aborder cette période américaine, ce mouvement et les talents qui naîtront de ses cendres. Au crépuscule de la Beat Generation est une ode aux clochards célestes, à ces jeunes Américains qui, dès les années 1940, ont tout mis en œuvre pour explorer la vie, dans ce qu'elle a de pire et de meilleur. Les connaisseurs en apprendront encore sur ce mouvement inépuisable. Les néophytes y découvriront un monde bâti sur la culture, les arts, les drogues, la libération totale des relations sexuelles. Un monde guidé par deux maîtres-mots : l'expérience et l'insouciance.