Un western à la sauce mexicaine, donc sacrément pimenté ! Action et affrontements familiaux sont les ingrédients d’un récit qui respecte les codes du genre et flirte avec le paroxystique sans sombrer dans la surenchère gratuite.
Don Diego est le fils d’un riche propriétaire terrien (rien à voir avec Zorro !). Est-il vraiment coupable des meurtres dont on l’accuse ? Peut-être pas. Cependant, on sent une rage en lui. On comprend vite qu’il y a un sombre secret de famille caché dans son enfance. Et les relations qu’il entretient avec ses parents évoquent une tragédie antique.
Gilles Mezzomo aime dessiner le mouvement et les grands espaces. L’univers western lui sied à merveille, comme on avait pu le constater avec Ethan Ringler. Cet amateur de Blueberry a proposé à Philippe Thirault le sujet de Hacendado, un one-shot dont l’originalité est de se dérouler entièrement au Mexique. Le seul gringo de l’histoire est Hinter, un chasseur d’apaches encore plus féroce que ses proies. Comme dans les westerns spaghetti et ceux qu’Hollywood a produit sur le tard, presque tous les personnages portent en eux une sacrée dose de violence. C’est peut-être vital, pour survivre dans un monde sauvage, minéral, sans eau ni pitié. Les hommes comme les pumas attaquent par surprise, souvent dans le dos. On surfe parfois avec le « too much » même si cette impression fugitive est vite balayée par le chaud vent du désert. Seul le vieux Don Armando, inflexible père de Diego, parle d’honneur. Mais ce sont deux femmes qui sauvent sans doute l’honneur du genre humain : la belle épouse d’Armando et la non moins jolie fille du chef apache.
Gilles Mezzomo s’éclate en dessinant cet album de 80 pages, c’est visible. Il met davantage de détails dans son dessin qu’à l’époque de Luka sans perdre en dynamisme. Dans ces grands espaces arides, la référence graphique à Jean Giraud est évidente. Il y a d’ailleurs ici une ampleur dans certaines scènes d’action que l’on ne retrouve pas toujours dans le dessin d’autres héritiers de Giraud, malgré leur talent. Enfin, les couleurs de Céline Labriet sont tout à fait dans le ton.
À lire en écoutant du Ennio Morricone.