Balto est un flic (en théorie) retraité attachant, évoluant dans un cadre social évoquant la France périphérique, même si nous sommes à Marseille. Une enquête policière classique ? En apparence seulement. Et alliée à un humour discret, un brin désabusé. Une jolie découverte.
Un inspecteur de police à la retraite reste un inspecteur de police ! C’est du moins l’opinion de Balto qui vit seul avec son chat. Un peu décalé du monde, sans Internet ni même de portable. Il a ses habitudes dans un petit rade marseillais. C’est donc là que viendront le trouver deux camgirls dont une collègue de travail a disparu. Balto accepte l’enquête et comme il a du métier, il va vite trouver une piste…

Inspecteur Balto, T1, manufrance, bichons et camgirls © Grand Angle, 2023
Voilà un récit « à l’ancienne » sans singer les aînés pour autant. Pas d’argot à tire-larigot, pas de références à n’en plus finir aux Tontons Flingueurs. Seule concession au genre faite par Aurélien Ducoudray : l’histoire se passe à Marseille, rare ville française capable de conjuguer un milieu du crime source de fantasmes et une truculence bienvenue. Nous n’en tiendrons donc aucunement rigueur au scénariste, d’autant plus que nous prenons grand plaisir à la lecture de l’enquête de Balto. On pardonnera volontiers quelques détails incohérents, l’ambition n’est pas d’être réaliste comme le démontre le personnage secondaire Brenda, colosse un peu simple.

© Nena x Aris
Au-delà de la quête de vérité, une certaine mélancolie
Ce qui donne une saveur particulière est que nous découvrons en parallèle peu à peu la vie de l’inspecteur, souvent via des flash-backs où on le retrouve plus jeune avec son épouse. Mais qu’est-elle devenue ? Ne dévoilons rien. Déjà parce qu’il est pour le moins original. Et aussi parce que nous n’avons que des bribes d’explications à ce sujet dans l’album. Cela deviendra sans doute un fil rouge, ce premier album appelant une suite.
Le dessin semi-réaliste est assuré par Anthony Geoffroy, presque un inconnu dans le monde de la BD. Il illustre bien le propos, brossant le portrait d’une ville un peu hors du temps. Malgré l’évocation du sexe sur Internet, nous n’avons pas l’impression d’être dans les années 2020. Pas de quartiers Nord à l’horizon, mais des petites rues de Marseille et des bistrots sortis tout droit des années 50-60. Les seconds rôles, bien distribués par le scénariste, ont la tête de l’emploi. Le travail est pro, mais gageons que le dessinateur saura apporter un peu plus de panache à l’encrage des personnages dans ses prochains albums. Un premier galop prometteur, en tout cas !
Un album convaincant, savoureux sans en faire trop, qui finit par un cliffhanger laissant entendre que nous n’avons pas fini d’entendre parler de Balto. Tant mieux.
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