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Justice league – faute d’un clou…

couverture de l'album Justice league – faute d’un clou…

Éditeur : Urban Comics

Scénario : Alan DavisDessin : Mark FarmerTraducteur : Jérémy Manesse

Collection : DC Deluxe

Prix : 30.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs4.0
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Le synopsis de l'album Justice league – faute d’un clou…

Il y a de longues années, dans le Kansas : Martha et Jonathan Kent, qui ont projeté de faire quelques courses dans la bourgade de Smallville, découvrent qu'un pneu de leur voiture est crevé. Ils choisissent de reporter leur balade à plus tard et restent chez eux, sans se rendre compte que le ciel est traversé par une météorite étrange. Celle-ci abrite un enfant extraterrestre envoyé sur Terre depuis une lointaine planète. L'engin s'écrase un peu plus loin, et les Kent ne seront jamais là pour adopter l'enfant tombé des étoiles. Au fil des ans, les premiers super-héros apparaissent, mais dans ce monde légèrement différent du nôtre, jamais Superman ne se fera connaître, et l'histoire en sera à jamais bouleversée.


La critique ZOO sur l'album Justice league – faute d’un clou…

DC a toujours aimé entretenir la créativité de ses auteurs en leur permettant, à l’occasion, d’imaginer des versions alternatives de leur héros, un peu suivant le modèle de leur vieilles Imaginary stories ou des What if de Marvel. L’idée est alors simple : que se serait-il passé si un détail avait tout changé ? Par exemple, si un clou avait empêché le couple Kent de trouver le petit Kal El venu de Krypton ?

Un petit clou sur le chemin

Imaginons donc, un instant, les répercussions causées par ce simple clou dans un pneu qui aurait amené Jonathan et Martha Kent à rester chez eux, à ne pas voir un étrange objet s’écraser dans un de leurs champs. Alan Davis part alors du principe que même si ce petit évènement aux allures anodines n’a pas empêché l’émergence des super-héros et de leurs incroyables ennemis, il a freiné l’arrivée d’une sorte de figure fédératrice qui pourrait rassurer les gens. Du coup, quand le récit commence, les médias sont saturés de messages très hostiles envers ces héros dont on ne connaît finalement pas grand-chose, qui se battent dans les villes au détriment des habitants, de leur sécurité, des êtres dangereux et inquiétants. Ne représenteraient-ils pas les prémices d’une invasion extra-terrestre ? Sous l’égide de Lex Luthor, le maire de Metropolis, qui ambitionne à la présidence, et de son bras droit Jimmy Olsen, un projet de loi est proposé pour demander l’arrestation des héros afin de les enregistrer. Très vite, on assiste à des emprisonnements, des rafles et le moindre geste d’un héros est déformé pour être transformé en acte d’agression.

Justice League - faute d'un clou...

Justice League - Faute d'un clou... © Urban Comics, 2023

Héros ou ennemis ?

Avec un peu de recul, Davis utilise la même idée que dans la mini-série Legends, sortie une douzaine d’années plus tôt. L’aliénation de l’homme ordinaire qui remet en cause la légitimité de ces justiciers vigilants qui ne rendent de compte à aucune réelle autorité, si ce n’est leur propre morale. Il suffit simplement de mettre en avant les ruines qu’ils laissent derrière eux après la moindre bataille, les vies des gens ordinaires mises en danger, une réalité qui peut, avec un peu de manipulation idéologique permettre de faire l’amalgame entre les héros et ceux qu’ils combattent (si ça vous rappelle des débats récents, ça n’est peut-être pas par hasard…).

Néanmoins, le scénario d’Alan Davis est bien plus subtil dans la forme et le fond. Il pose un regard critique sur l’image publique de ces « super-héros » trop habitués à simplement agir, le poing en avant comme premier argument, qui évoluent avec une vision qui n’est pas toujours en phase avec celle des gens qu’ils protègent.

Malgré tout, Davis anime une intrigue très solide qui même si elle fait réfléchir sur ces personnages de papier, n’en reste pas moins un excellent comics d’action qui surfe très intelligemment sur la vague des projets écornant le genre, tout en exacerbant cette flamme héroïque que l’on aime tellement retrouver dans ce type de volume.

L’idée n’est pas vraiment de critiquer, mais de mettre en avant les limites de ce type d’univers.

Justice League - faute d'un clou...

Justice League - Faute d'un clou... © Urban Comics, 2023

Alan Davis

On a pu le voir sur Excalibur, les X-Men, ou ClanDestine et plus régulièrement dans les années 2000. Alan Davis est non seulement l’un des meilleurs dessinateurs ayant œuvré pour Marvel et DC, mais il a largement fait ses preuves comme auteur complet en signant des scénarios liant le traditionnel et le moderne, avec élégance et profondeur. Son trait reconnaissable entre mille, fait de courbes sensuelles et dynamiques, de scènes de batailles pleines d’énergie ou d’instantanés du quotidien très naturel fonctionne ici à merveille.

De plus en plus discret, il ne signe dorénavant qu’une mini-série tous les deux ou trois ans ou des fills-in par-ci par-là. Cependant, avec Faute d’un clou, il était au sommet de son art et c’est un vrai bonheur de replonger dans ses planches, de glisser entre tous ces personnages d’un charme suave (accentué par l’encrage de Mark Farmer).

Pour apprécier ce volume, il n’est donc pas nécessaire d’avoir une culture DC énorme, juste de se laisser porter. Merci à Urban de nous offrir cette traduction.

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