2100. Trois desperados sillonnent l’Amérique à la recherche d’un butin. Mais désormais, c’est le climat qui fait la loi... jusqu’à quel point ? Faites grimper le thermomètre de 2, 3 ou 4 degrés et regardez l’histoire changer : le monde est plus ou moins apocalyptique, les catastrophes naturelles plus ou moins fortes et les hommes plus ou moins dans la merde...Quelle que soit la cuisson de la Terre, pour Josh, ce ne sera pas une partie de plaisir.
Pour quelques degrés de plus
Le synopsis de l'album Pour quelques degrés de plus
Le réchauffement climatique frappe toujours trois fois
Dessinateur de la série Un monde en pièce, Ulysse Gry fait régulièrement des infidélités à son frère de scénariste pour mener ses propres albums et parler d’écologie. Après La Revanche des espèces menacées, le voici à nouveau chez Presque Lune pour un livre à la Mad Max que vous lirez… trois fois !
À quoi ressemblera notre monde ? Il sera victime du réchauffement climatique. Mais suivant le volume d’efforts consentis par les humains, la situation ne sera pas tout à fait la même. +2, +3 ou +4 degrés, il y aura des différences. Alors suivez Joshua, citoyen américain qui cherche à mener sa vie, dans trois scénarios possibles.
Un album pas commes les autres
Pour quelques degrés de plus, c’est une lecture pas comme les autres. Vous avez bien lu l’introduction de cet article, vous lirez trois fois l’album. Car chaque page comporte trois trames scénaristiques, une par scénario de réchauffement. Les mêmes personnages, la même période, mais un contexte différent et donc des déroulés différents. Évidemment, en contrepartie, vous lisez au mieux trois cases avant de changer de page.
Mais l’exercice est amusant et bien mené. Ulysse Gry s’autorise même à faire interagir ses trames temporelles suivant les possibilités. Cet exercice de style mérite déjà un bon point à son auteur.
Pour quelques degrés de plus © Presque Lune, 2023
Un engagement militant, une œuvre de genre
L’auteur veut donc donner à voir à chacun ce qui peut arriver si nous ne prenons pas collectivement et individuellement la mesure du réchauffement climatique. C’est cet exercice pédagogique que Gry a voulu le plus fun possible. Il s’appuie donc sur le genre SF postapocalyptique pour apporter la touche ludique facilitant le passage du message.
Sachant que les degrés gagnés ou perdus auront une réelle incidence sur nos modes de vie. Des incidences graves, même. Vous pensez qu’il en rajoute pour renforcer l’effet de genre ? Le problème, c’est qu’il ne pousse pas tellement le bouchon. Du moins, pas sur les enjeux climatiques. Et pas non plus, sur les enjeux humains et diplomatiques qui vont se poser à la fin du siècle.
Alors c’est vrai, en l’état, l’auteur ne propose pas de solutions. Parce que ce n’est pas son sujet. Son intention, c’est clairement de nous renvoyer à notre inaction et au monde que nous allons laisser à nos enfants. Pour rappel, en mai 2023, le ministère de la Transition écologique travaillait un scénario à +4°. Et ça, il n’a même pas osé, Ulysse Gry…
Pour quelques degrés de plus © Presque Lune, 2023
La passion western
Petit bonus pour les amateurs, comme le titre l’indique, Ulysse Gry s’amuse à rajouter de petites touches western. Il utilise aussi le « thème » de Le Bon, la Brute et le Truand pour donner du rythme à son récit. Pour une Amérique en perdition, retournée à un monde sauvage et hostile comme l’ont connue les colons, le lien est assez bien vu.
Pour quelques degrés de plus est donc une œuvre utile, intelligente et divertissante. Elle vient nous rappeler à tous et toutes que les rapports du GIEC ne sont pas, eux, de la science-fiction…
Haut de page