Véritable bombe d’énergie graphique, Gachiakuta déboule pour nous entraîner au milieu des déchets aux côtés d’un jeune héros aux étranges pouvoirs. Et ce n’est que le commencement.
Pour avoir osé voler des déchets rejetés par les plus riches, le jeune Rudo est précipité dans l’abîme qui encercle la ville. Il y découvre un amoncellement d’immondices au sein desquels s’est progressivement construite une société de marginaux. En parallèle, il se rend compte que grâce aux gants que lui a offert l’homme qui l’a élevé, qu’il possède désormais d’étonnants pouvoirs qui vont peut-être lui permettre de retourner chez lui.
© Kei Urana / Kodansha Ltd.
Premier contact, le graphisme, ensuite l’univers
Mehdi Benrabah, directeur éditorial chez Pika nous parle de Gachiakuta : « C’est une série qui nous a tapé dans l’œil d’emblée. Sur le plan graphique, qu’on aime ou non, le style sur cette série ne laisse personne indifférent… l’audace graphique, les perspectives, les parties pris très dynamiques rajoutent à la personnalité de Kei Urana… Mais derrière le dessin, on a un univers dont la saleté est palpable. Tout se passe dans une décharge, c’est assez trash, avec un souci du détail, des aplats de noirs que l’on retrouve aussi dans le regard des personnages. L’univers que nous décrit Kei Urana est raccord avec son trait. »
Toutefois, bien au-delà de la virtuosité du dessin, l’histoire elle-même nous interpelle sur les débordements du gaspillage, mais aussi sur ces sociétés qui se divisent, qui stigmatisent. Kei Urana pose un cadre riche et complexe qui nous interroge sur notre rapport à l’obsolescence des objets qui nous entourent. C’est pertinent.
© Kei Urana / Kodansha Ltd.
Du sang neuf
Première œuvre de l’artiste, qui a longtemps assisté Atsushi Okubo sur des séries comme Soul Eater et Fire Force, Gachiakuta accompagne l’émergence de jeunes talents qui résonne dans la production manga actuelle. « On a une nouvelle génération d’auteurs qui se nourrit de tous les courants artistiques qui existent. Par exemple, Kei Urana puise son inspiration dans les jeux vidéo qui puisent eux même leur inspiration dans les comics, les univers manga… Les sources sont multiples, comme l’association avec l’artiste qui s’appelle Hideyoshi Andou qui travaille plutôt les graffitis, venant appuyer l’aspect street art de certaines séquences. Cette jeune génération utilise les codes du manga parce que c’est le média qui lui convient bien, que ce soit pour le nombre de pages, pour décrire les scènes dont elle a envie. Mais au-delà de ce constat, on est ici dans autre chose que du simple manga. »
La série ne fait que commencer, mais déjà, elle marque les esprits dès les premières pages. On attend la suite impatiemment.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l'univers de Gachiakuta et de son autrice Kei Urana, retrouvez également notre interview complète avec Mehdi Benrabah à ce sujet !
Article publié dans ZOO Manga N°9 Juillet-Août 2023