Et si tous les nus féminins du musée du Louvre disparaissaient soudainement ? C’est le parti pris de Zelba dans Le Grand Incident, une réflexion autour du regard des hommes sur le corps féminin, dans l’art et plus largement dans la société.
© James x B.Mirroir
On avait l’habitude, depuis 18 ans de la collection « Musée du Louvre » dans le catalogue Futuropolis, de lire des albums un peu solennels montrant les nobles sentiments que peuvent inspirer les œuvres remarquables du prestigieux établissement. Avec Le Grand Incident, deux nouveautés : pour la première fois, une autrice est aux commandes et elle propose un conte aux reflets fantastiques sur un ton de comédie loufoque. Jugez plutôt. Zelba imagine qu’un jour, un mystérieux et inquiétant phénomène frappe le musée du Louvre. Toutes les représentations de nu féminin, qu’elles soient peintes, dessinées ou sculptées, s’évanouissent subitement de leurs œuvres d’origine. On peut aisément concevoir le vide causé par ces disparitions étant donné la quantité innombrable de corps de femmes nues dans l’art, depuis la nuit des temps. Impuissant, le musée est obligé de fermer ses portes pour trouver une solution.
Le Louvre révolutionne les mœurs
Cette situation rocambolesque, qui part du principe que les œuvres ont une âme et peuvent communiquer avec certains humains, est un prétexte pour aborder une problématique bien moins réjouissante. Par le biais de l’histoire de l’art, Zelba creuse la question du regard des artistes (hommes et femmes, même si ces dernières sont très peu présentes dans les collections muséales) sur la femme, quand elle est représentée dans le plus simple appareil.
Par extension, elle pointe du doigt le regard masculin dans la société, trop souvent concupiscent envers le sexe opposé, en particulier dans la rue et les lieux publics. À travers la fantaisie de son intrigue, Zelba fait un état des lieux, équilibré, de certaines facettes des rapports hommes/femmes. Et trouve une parade radicale et joyeuse pour désamorcer les (mauvaises) habitudes plurimillénaires. On rit et on réfléchit avec le Louvre pour décor.
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