Éditeur : Casterman
Dessin : Matthias LehmannAuteur : Matthias Lehmann
Collection : Romans graphiques - Romans gra
Genres : Roman Graphique
Prix : 29.95€
4.0Scénario
4.0Dessin
4.0
4.5
Dans la région du Minas Gerais, l’opulent patriarche Oswaldo Wallace dirige ses mines avec autorité. Ses deux fils, Severino et Ramires, n’ont qu’un an d’écart, mais tout les oppose : le premier, engagé à gauche, deviendra journaliste puis écrivain, tandis que le second soutient les militaires qui vont exercer un pouvoir autoritaire pendant les « années de plomb » – « chumbo », en portugais. S’inspirant de son histoire familiale, Matthias Lehmann réalise avec ce roman graphique une grande saga, où personnages et destins se croisent et se recroisent. À travers ses pages aux compositions inventives, qui empruntent à la caricature comme à la publicité ou au graphisme brésilien, l’auteur mêle aux histoires intimes la grande Histoire d’un pays fascinant.
En embrassant une partie de l’histoire du Brésil des années 1930 aux années 2000, Matthias Lehmann signe une œuvre-monde époustouflante et atypique qui devrait faire date.
Brésil, état du Minas Gerais, ville de Belo Horizonte, 1937. Oswaldo Wallace, propriétaire de mines, doit faire face à une grève dont l’un des meneurs est le dénommé Rebendoleng. Les enfants des deux hommes se rencontrent par hasard ; il s’ensuit une relation qui dure des années et qui est à l’image du Brésil et des événements qui agitent le pays : tumultueuse et pleine de rebondissements.
Chumbo © Casterman, 2023
Matthias Lehmann donne vie à un album ample, dense et intense, riche en personnages, situations et sauts temporels. Le récit se transforme sans cesse, embrassant de multiples genres (chronique familiale, sociale et politique ; récit historique, aventure et thriller…) et sujets : le déclassement d’une famille, le passage du Brésil de la démocratie à la dictature, la lutte armée, l’écriture journalistique et littéraire…
Matthias Lehmann sait parfaitement conduire un récit au long cours, posant le contexte avant de plonger le lecteur dans son fonctionnement quotidien. Il porte une attention particulière aux environnements urbains, à l’architecture – notamment à celle conçue par Oscar Niemeyer – comme à l’imagerie populaire (dessin de presse, publicité, jeux…). Au fil des pages, le récit part dans de nombreuses directions, mais l’auteur parvient toujours à lui donner vivacité, unité et fluidité, tout en restant constamment inventif, tant au niveau scénaristique que visuel.
Le trait semi-réaliste, parfois volontiers burlesqueconduisant alors la noirceur des événements sur le terrain de l’humour noir – utilise fréquemment les hachures qui recouvrent parfois grandement la page, évoquant ainsi le rendu de la carte à gratter. La mise en case, élaborée, apporte fréquemment un sens supplémentaire
aux situations.
Par sa richesse et sa force, cette œuvre dure et tendre évoque un autre chef-d’œuvre singulier et particulièrement enthousiasmant, la trilogie Ayako du grand Tezuka.
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