L’évocation puissante de la destinée à travers l’Afrique de celui qui n’a que 12 ans quand il décide de fuir sa condition d’enfant soldat au Congo. Un conte pour adultes cruel et beau, très documenté, porté par un dessin spectaculaire.
Quelle odyssée ! Alternent séquences d'une violence terrible, scènes emplies du désir de vivre, désespoir, poésie, plaies béantes dans la terre pour en extirper ses précieux minerais, vie simple en symbiose avec la forêt, aridité du désert, liberté, esclavage, frêle embarcation jetée sur la mer.... Et tout ça, pour quoi ?
Le ciel dans la tête © Antonio Altarriba, Sergio Garcia - Éditions Denoël Graphic
L’Espagnol Antonio Altarriba (scénariste de Moi, assassin) a écrit un récit dur et vivant pour nous présenter la traversée de l'Afrique du jeune Nivek, depuis le Congo où, à 12 ans, il fut esclave puis tueur. Peut-il quand même atteindre son objectif viscéral : quitter le continent africain, malgré ses beautés ? Car tout n'est pas désespoir dans le périple de Nivek. Il va retrouver l'harmonie avec la nature lors d'un séjour chez les pygmées ; il connaîtra même l'amour avec la jolie Aisha. Et l'Europe répondra-t-elle à ses promesses ?
Sergio Garcia a illustré cette épopée de manière puissamment inspirée. Il a tourné le dos au réalisme pour nous offrir un dessin stylé, stylisé, dans lequel les corps se déforment avec élégance au gré de ce que vivent les personnages. Le dessin se prolonge souvent dans les bords noirs qui entourent les cases, se transformant alors en traits blancs, permettant un rendu global très esthétique. La beauté formelle et l’inventivité graphique s’invitent à chaque page. Le travail sur la texture du minéral et du végétal donne un rythme visuel qui peut évoquer certains livres pour enfants (c’est un compliment). Les couleurs de Lola Moral appuient avec intelligence le propos. Le seul regret est le lettrage, qui se serait mieux intégré dans le dessin s’il avait été fait manuellement.
Au final, la symbiose est totale, amplifiant le discours. Une claque. Un album à ne pas mettre dans les mains des plus jeunes pour des scènes d’une réelle violence, notamment en début d’album. Mais ce ne sont pas des scènes gratuites, elles reflètent hélas une réalité.
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