La Philosophie du Crime
Quand un spécialiste de l’Histoire de l’Art tue gratuitement, est-ce de l’Art sous la forme de crimes ou des crimes déguisés en œuvres ? Antonio Altarriba, le scénariste de Moi, As
27 mars 2015
-Interview
Éditeur : Denoël Graphic
Scénario : Antonio AltarribaDessin : Keko
Genres : Polar / Thriller, Récit de vie
Public : À partir de 16 ans
Prix : 19.90€
Scénario
4.0Dessin
5.0Enrique Rodríguez Ramírez est professeur d’Histoire de l’Art à l’université du Pays Basque (où Altarriba a enseigné la littérature française). À 53 ans, il est à l'apogée de sa carrière. Sur le point de devenir le chef de son champ de recherches, en proie aux rivalités académiques, il dirige un groupe d'étude intitulé : «Chair souffrante, la représentation du supplice dans la peinture occidentale.» Bruegel, Grünewald, Goya, Rops, Dix, Grosz, Ensor, Munch, Bacon sont ses compagnons de rêverie et la matière de son travail. Mais sa vraie passion, dans laquelle il s'investit à plein, est plus radicale : l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts.
Après nous avoir subjugué avec son époustouflant L’Art de voler Antonio Altarriba revient sur un tout autre talent, celui de tuer. Bienvenue dans un album où mort et beauté ne font qu’un.
Rodriguez Ramirez, professeur émérite, a une passion, celle d’ôter la vie. Méthodique, discret et consciencieux jamais un assassin n’aura fait de la mort un tel acte de pur esthétisme. Fidèle à sa vision de l’art, l’artiste-tueur n’accorde aucune place à l’utilité, il tue simplement pour le plaisir de manier la matière la plus précieuse qui soit, la vie.
Seul le talent de Keko et son dessin efficace pouvaient mettre en valeur un scénario d’une telle richesse. Maître du clair-obscur il nous plonge dans un univers rempli de noirceur que viennent relever de temps à autre quelques touches de rouge vif, symboles d’une mort omniprésente. De Goya jusqu’au body art, l’art est partout, jusque dans les moindres détails. Keko ajoute ainsi au scénario complexité et beauté.
Un scénario soigné, un dessin époustouflant, Antonio Altarriba semble avoir compris comment faire de chacun de ses albums de véritables réussites. Moi, Assassin ne déroge pas à la règle et nous offre un moment de pur bonheur, un bonheur sans aucune utilité si ce n’est d’apprécier la simple beauté d’une œuvre d’art.
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