Au Japon, les adultes disparus sont souvent des évaporés, volontairement en rupture avec leur vie. Non recherchés, ils deviennent des ombres… Adaptant le roman de Thomas B. Reverdy, Mao Moutte nous embarque dans un thriller dans le Japon underground.
Les évaporés, que ni la police qui considère qu’ils sont majeurs, ni la famille ne recherche, voyant ce départ volontaire comme déshonorant, sont nombreux dans le Japon moderne. Mais pourquoi Kaze Watanabe, cinquantenaire pépère et comptable consciencieux, décide un soir de disparaître ? Sa femme ne comprend pas les raisons de son départ et, dévastée, appelle à l’aide sa fille Yukiko. Étudiante depuis 5 ans à Paris, elle rentre au pays pour le chercher. Commence alors pour la jeune femme, avec l’aide d’un détective privé, un jeu de piste sur les traces de son père, qui la mène des quartiers pauvres de Tokyo aux zones dévastées de la province de Fukushima. On y découvre un Japon secret, caché et honteux, dont personne ne veut parler…
Les Évaporés © Sarbacane, 2023
En suivant en parallèle le voyage d’honneur de Kaze, licencié après 30 ans de boîte, et celui de Yukiko sur ses pas, ce titre singulier met en lumière plusieurs tragédies sociales subies ces dernières années par la population nippone. Entre magouilles industrielles et politiciennes, yakusas, corruption et honneur, le roman de Thomas B. Reverdy adapté librement en bande dessinée par Mao Moutte mêle quête existentielle, drame et polar. Avec son trait sec et hachuré, Mao Moutte déploie une riche galerie de personnages, grâce auxquels on découvre différentes facettes du Japon actuel. Une balade hors des sentiers battus, dans un polar sociologique insolite.
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