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Ceux qui me touchent

couverture de l'album Ceux qui me touchent

Éditeur : Bamboo

Dessin : Laurent BonneauAuteur :

Collection : Grand Angle

Prix : 24.90€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs4.3
    2 notes pour 0 critique

Le synopsis de l'album Ceux qui me touchent

Et si votre imagination décidait de prendre corpspour changer votre vie ? Elisa est née il y a 5 ans déjà... Un soir, parce qu'il n'y a pas de livres de contes à disposition pour l'endormir, Fabien invente, avec elle, une histoire fantastique. Les jours suivants, des événements fortuits le renvoient à l'aventure qu'ils ont créée. Bien que conscient que ce ne sont que des coïncidences, il y voit le signe qu'il doit changer de vie... Un récit contemporain et intimiste où les échanges d'un quadragénaire avec sa fille modifient le regard sur ce qui nous entoure.


La critique ZOO sur l'album Ceux qui me touchent

En 2014, Damien Marie et Laurent Bonneau ont produit un superbe album trop peu connu : Ceux qui me restent. Une décennie après, le duo revient chez Grand Angle pour proposer un nouvel album unique à la force discrète : Ceux qui me touchent.

Fabien aurait pu être artiste, mais la vie lui a trouvé un rôle très différent. Père de famille, il travaille dans un abattoir où il passe ses journées à tuer ou découper des cochons. Un métier usant, mais dont le salaire est indispensable à la famille. Un jour, parmi les bêtes arrivées pour être tuées, apparaît un cochon couvert de tatouages, ce que Fabien prend comme un appel à changer le cours de sa vie.

Ceux qui me touchent

Ceux qui me touchent © Grand Angle, 2023

Chronique d'une France coupée en deux

Art et abatage d’animaux. Vous n’imaginiez pas voir associer ses deux thématiques dans une même BD. Et encore moins dans une version sensible.
Ceux qui me touchent, c’est ça. C’est le miroir d’une société qui fait le grand écart. C’est la France des Gilets Jaunes et des travailleurs de première ligne. C’est celle des artistes parisiens engoncés dans une quête de sens prétentieuse.

Fabien est à la croisée des deux mondes. Il aurait pu finir dans une intellectualisation hors-sol. À la place, il tue et se tue à la tâche. Sa femme fait partie des soignants de soins palliatifs qui s’épuisent dans un système hospitalier qui se prive d’humanité au motif d’économies budgétaires. Deux mondes de mort… Mais là encore, il y a quelque chose à la croisée de ces mondes. De manière improbable, il y a une aventurière qui combat contre les cochons-zombies avec sa baguette arc-en-ciel. Une simple petite fille de six ans, naïve, qui s’imagine pouvoir changer son histoire.

Ceux qui me touchent

Ceux qui me touchent © Grand Angle, 2023

Et il se trouve que c’est cela, le vrai sujet de société de Ceux qui me touchent. Damien Marie répond à ce mouvement de fond du monde du travail depuis 2020. Nous voulons redonner du sens à notre travail. Nous voulons trouver un peu de merveilleux dans un monde déshumanisé. Le dessin peut-il le faire ? Peut-il faire se retrouver un ouvrier d’abattoir, une gamine et une femme autiste cachée dans une ferme ? Le dessin, ou plus largement, la capacité à raconter des histoires ? À renouveler le récit qui est le nôtre, celui de la société dans laquelle nous vivons ? Et est-ce même possible ?

Laurent Bonneau, poète du réel

Un monde réaliste rehaussé de pointes d’imaginaire. Peu d’artistes pouvaient prétendre à donner vie au scénario de Ceux qui me touchent. Laurent Bonneau était de ceux-là.  Son trait est réaliste. La finesse du trait apporte une dimension photo-réaliste même. Quelques coups de crayons suffisent parfois à capter l’essence du réel. À d’autres moments, l’artiste sature sa page de détails. Entre précision et évocation, il ne perd pourtant jamais la maîtrise de son dessin.

Ceux qui me touchent

Ceux qui me touchent © Grand Angle, 2023

Le merveilleux, c’est la mise en couleur qui l’apporte et le porte. Trois teintes composent les séquences. Un beige de fond, le noir de l’encrage et une touche de couleur supplémentaire. Le vert pour la nuit et pour l’abattoir. Le jaune pour le jour et la vie de famille. Le rose pour le monde de l’art.
Des couleurs appliquées selon des techniques différentes. Lavis de peintures, encres diluées, Laurent Bonneau choisi méticuleusement ses outils pour mieux nous rappeler qu’il nous raconte une histoire imaginaire, qui n’est pas réelle.

Le photoréalisme est une technique réputée pour sa froideur. Ici, le dessinateur sublime la technique pour nous offrir de belles et subtiles émotions.

En cette rentrée BD, Ceux qui me touchent ne sera sans doute toujours pas le succès éclatant capable de lutter avec les grosses locomotives. Mais si vous lisez ces lignes et que vous achetez cet album, vous ferez partie d’un petit groupe de privilégiés qui sauront qu’ils tiennent un petit bijou entre leurs mains.

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