Décembre1896 : dans un Opéra Garnier comble, le Tout-Paris découvre avec horreur le colonel Tréveaux, chargé de la sécurité du président Faure, pendu tel le Christ en croix et aspergeant de son sang le public. Présent sur les lieux du crime, l’inspecteur Broyan, révoqué de la police après l’affaire de la Baie de Somme, se lance à la poursuite du tueur. Mais il va bientôt se retrouver au cœur d’une enquête abyssale dont il ne sortira pas indemne, entre meurtres en série, sociétés secrètes, spiritisme et complot politique.
Hiver à l'Opéra
Alexis Chabert, Philippe Pelaez
Éditeur : Grand Angle
Scénario : Philippe PelaezDessin : Alexis ChabertColoriste : Alexis Chabert
Prix : 17.90€
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Le synopsis de l'album Hiver à l'Opéra
Une enquête nimbée de fantastique aux frontières de la folie
Au crépuscule du XIXe siècle, une jeune femme enchaîne les meurtres. Vengeance ou mysticisme morbide ? L’ex-inspecteur Broyan, en pleine dérive, est sur sa trace. Une peinture du Paris d’autrefois brillamment portée par le pinceau d’Alexis Chabert.
Julien Monier et Gaet's © Éditions Petit à Petit, 2023
L’inspecteur Amaury Broyan, aux faux airs de Nestor Burma, était le meilleur policier de Paris ! « Était », car il n’est plus que l’ombre de lui-même depuis son enquête relatée dans l’album Automne, en baie de Somme. Viré de la police, toujours hanté par la mort de sa fille, il semble définitivement perdu, entre pipes d’opium, séances de spiritisme et ligue anti-dreyfusarde.
Le scénario de l’actuellement incontournable Philippe Pelaez le met toutefois sur la piste de Lisianne, une mystérieuse femme qui enchaîne les meurtres suivis de mises en scène morbides à l’opéra Garnier. Mais pourquoi donc ? Le premier tome était construit comme une enquête policière à la fois complexe et assez classique. Un prétexte cependant, toile de fond pour évoquer le Paris artistique de l’époque et dénoncer la condition de la femme. Ici, les péripéties s’enchaînent à la façon des feuilletons d’autrefois. Cela tombe bien : nous sommes en 1897. Lisianne, cette ennemie masquée pour cause de visage défiguré, frappe les esprits des lecteurs comme le fit jadis le Fantôme de l’Opéra ou plus tard Belphégor. Est-elle folle ? Communique-t-elle réellement avec les esprits des défunts ? Le scénariste fait évoluer Lisianne la bien nommée à la lisière de deux mondes…
Hiver à l'Opéra © Grand Angle, 2023
Un Paris haut en couleur
Le trait faussement imprécis d’Alexis Chabert est toujours aussi flamboyant, grâce à une mise en scène au parti pris esthétique et rappelant sur certaines planches le travail de Mucha (croisé dans le 1er album). La composition varie d’une page à l’autre, tantôt sage, tantôt audacieuse, en fonction des besoins de la narration. De splendides dessins en pleine page éclairent régulièrement l’histoire. L’artiste transcende ses planches d’une mise en couleur impressionnante par ses qualités picturales, entre harmonie et fulgurances. Et l’on ressent au détour des pages l’amour du dessinateur pour Paris qui apparaît cette fois drapée de son manteau d’hiver. Chabert le disait dans la postface du précédent album : Parisien depuis plusieurs générations, il voulait dessiner une histoire sur sa ville, telle que l’a connue son arrière-grand-mère. C’est une réussite.
Le final est à la hauteur, faisant gagner en ampleur grâce à l’émotion ce que l’on espère être une simple fin d’épisode. Après cet Hiver à l’opéra, à bientôt pour le printemps, inspecteur Broyan ?