Pour commencer, il y a une invitation. Ils sont quatre à y répondre, quatre « ex » qui se rejoignent sans vraiment se connaître, qui retrouvent cette présence, qui évoquent quelques bribes de souvenirs. Sur le bord de la Loire, en repensant à Agathe…
Ils n’ont vraiment pas grand-chose à perdre. Peut-être quelques jours à vaguement renouer avec le passé, des souvenirs plus ou moins lointains, teintés de baignades dans la Loire, des rires, les couleurs d’un coucher de soleil, des balades où l’on croise des inconnus qui pêchent, qui flânent. Il y a une lettre, un mail ; il y a une invitation, des mots un peu tendres, touchants, peut-être même la promesse d’un petit séjour à la mémoire de…
Pensées du passé
Dans cette émouvante parenthèse, Étienne Davodeau s’attache à nous parler du temps qui passe, lentement, au rythme d’un paysage apaisant, auprès de quatre individus qui évoquent une amie commune disparue, avec qui ils ont tous partagé, à un moment donné, une partie de leur vie. Qui sont-ils vraiment ? Comment est leur vie depuis ? Qu’importe, seule compte cette présence qui les enveloppe, qui les réunit, cette absence qui sert de prétexte pour regarder simplement, autour de soi, admirer les reflets de l’eau, le vent dans les arbres, cette nature pleine de vie qui les entoure.
Loire © Futuropolis, 2023
Juste ce qu’il faut
Davodeau se débarrasse ainsi de toute morale superflue, de tout ce vernis qui pourrait donner du poids à des éléments trop anecdotiques. Car il ne s’agit plus vraiment d’Agathe, au fur et à mesure, mais de l’idée d’une histoire lointaine qui réunit ces quatre personnages autour d’un repère commun.
L’écriture est extrêmement fine, très juste. Elle s’écarte parfois devant les silences pleins de pudeur ou ces tableaux contemplatifs en hommage aux rives de la Loire, elle s’enflamme en dressant des portraits d’un naturel déconcertant, mais elle n’en fait jamais trop. Cette économie de ton, cette façon de nous faire comprendre un souffle, un bruissement ou simplement un petit ruissellement font tout le charme de ce magnifique album qui se savoure paisiblement, allongé dans l’herbe dans un coin d’ombre, là-bas…
Article publié dans le Mag ZOO N°94 Septembre-Octobre 2023