Ginette Kolinka relate son arrestation et son séjour de plusieurs mois à Birkenau, une période qui lui parut interminable. Un témoignage émouvant et juste, à offrir ou s’offrir en cette fin d’année.
La mère de Richard Kolinka, le célèbre batteur du groupe Téléphone, est maintenant une dame âgée au programme chargé. Elle consacre son temps à témoigner de ses années de guerre dans les écoles. Lors d'un voyage à Birkenau avec un groupe d'élèves, elle partage son expérience dans le camp. Née Cherkasky au sein d'une famille juive non pratiquante à Paris, elle a cinq sœurs et un jeune frère. Après avoir été dénoncés, ils sont contraints de fuir la capitale et décident de s'installer en zone non occupée à Avignon. Cependant, une fois que les nazis ont envahi le sud de la France, les Cherkasky sont de nouveau dénoncés, et Ginette, son père, son frère et son neveu sont arrêtés.
Adieu Birkenau © Efa, Cesc - Albin Michel
Après avoir scénarisé les deux premiers albums dans lesquels Madeleine Riffaud témoigne de ses années de résistance, Jean-David Morvan, le prolifique scénariste de BD, s'attaque au témoignage de Ginette Kolinka. Ce dernier est d'ailleurs disponible en podcast sur l'application Radio France. Il est captivant. Le scénariste a dû faire des coupes, adopter un point de vue spécifique et raccourcir certaines parties pour adapter l'histoire à un album. Le récit est bien retranscrit, avec un rythme soutenu. Il était crucial de conserver l'aspect témoignage et de présenter la vieille dame hyperactive et engagée qu'est devenue cette survivante de la Shoah. Les lecteurs attendent maintenant l'album du même scénariste sur le groupe Manouchian, prévu pour février 2024.
Le dessin est assuré par deux auteurs espagnols. Tout d’abord, nous retrouvons Efa, dont la carrière est déjà bien étoffée avec notamment quelques biographies sur Django Reinhardt, Monet ou Degas. Il collabore avec Cesc, un auteur qui s'est tardivement tourné vers la BD et qui compte plusieurs albums sur le marché espagnol. Ensemble, ils proposent un dessin semi-réaliste, caractérisé par un encrage assez épais. Ils parviennent à représenter l'horreur des camps tout en préservant une certaine candeur et une joie de vivre propre à Ginette. L'animation des personnages est fluide, et les transitions entre l'époque actuelle et celle de la guerre sont bien maîtrisées.
Cette œuvre constitue une excellente idée de cadeau pour tous, en particulier pour les plus jeunes, en cette fin d'année.
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