Quand les époux Curie s’en mêlent, science et occultisme semblent faire bon ménage. L’incursion réelle des célèbres scientifiques dans les séances de spiritisme est une anecdote de l’Histoire plaisamment partagée ici.
A l'heure où la bande dessinée investigue tous les terrains du partage de la connaissance, il n'est pas surprenant de voir un album consacré à Pierre et Marie et Curie. La thématique choisie est toutefois inattendue : les incursions des époux Curie dans le spiritisme. Le bien connu scénariste Rodolphe s’est intéressé au sujet à la demande de l’éditeur.
Marie et les esprits © Olivier Roman, Rodolphe - Editions Anspach
Les sciences occultes étaient très à la mode aux environs de 1900. Nous croisons dans cette histoire des scientifiques ayant pignon sur rue tels que Paul Langevin (physicien, inventeur du sonar), Edouard Branly (autre physicien, membre de l’Académie des Sciences) ou Charles Richet (prix Nobel de physiologie et de médecine). Et nous découvrons Eusapia Palladino, médium célèbre à l'époque. Des mesures scientifiques de ses séances de spiritisme furent faites avec la contribution des Curie sans réussir à identifier une quelconque supercherie quand des objets s’envolent, quand des formes lumineuses ou sombres apparaissent.
Pierre Curie a consigné ces phénomènes qui nous sont ici rapportés sans trancher entre supercherie ou phénomène paranormal. On peut regretter que Rodolphe n'ait pas profité de sa riche imagination pour aller au-delà des faits connus, car l'histoire reste malgré tout anecdotique. Le scénariste a du métier, donc l’album se laisse lire facilement, mais il n’est pas inoubliable.
Olivier Roman offre un dessin tout en finesse qui va bien avec l’époque. On peut regretter les couleurs numériques un peu mécaniques dans certaines cases (dont celles sans décor) sur les séquences en intérieur. En revanche, les scènes en extérieur revêtent de jolies teintes.
Un album que l’on lit pour découvrir les tentatives de la science pour expliquer ce qui est peut-être inexplicable. Mais aussi pour être touché par l’amour passionnel de Marie pour Pierre, particulièrement visible après la mort de celui-ci.