Suivre les deux photographes de presse Hans Namuth et Georg Reisner pendant quatre ans de guerre en Espagne, entre 1936 et 1940, c'est la très bonne idée de Raynal Pellicer, auteur de documentaires en immersion, et de son compère dessinateur Titwane. L'un sublime le travail de l'autre : c'est de nouveau le cas dans cette BD aussi belle que dure.
Alors que Barcelone se prépare pour les Olympiades populaires, en cette journée du 18 juillet 1936, deux photographes de presse allemands, Hans Namuth et Georg Reisner, sont venus immortaliser les athlètes. Mais alors que cette compétition se veut être une réponse pacifiste et antifasciste aux Jeux Olympiques de Berlin, l'armée nationaliste se soulève contre la République, première étape d'une guerre civile sanglante qui durera quatre longues années.
Les deux collègues photographes multiplient les prises de vue sur le front, côté républicain. Ils mettent leur vie en jeu pour mener à bien leur métier : donner une image à l'horreur perpétrée par les troupes sanguinaires du dictateur Franco. À l'issue de cette mission épineuse, le destin d'Hans Namuth et Georg Reisner ne sera pas le même : tandis que l'un partira mener une seconde vie outre-Atlantique via Marseille, l'autre perdra la vie dans la France du gouvernement de Vichy.
Photographes de guerre © Albin Michel, 2023
Habitués des documentaires en immersion sur différents sujets comme les services de police (Enquêtes générales en 2013, La Brigade criminelle en 2015, celle des mineurs en 2017 ou encore sur le porte-avions Charles-de-Gaulle en 2020), le duo formé par Raynald Pellicer et l'illustrateur Titwane livre une nouvelle bande dessinée dont ils ont le secret. Le propos est fouillé, permettant à l'émotion de prendre place entre les pages, un peu comme si on suivait la guerre civile espagnole en direct dans les yeux et les objectifs des deux photographes allemands.
Tout commence à Barcelone. Les deux reporters de guerre avancent dans le pays et leur parcours se délite au fil des batailles sur les front républicain et fasciste, avant de se mettre vraiment en danger et de prendre d'autres directions pour sauver leur peau. Il y a une symbiose entre l'intensité de la narration et la puissance du dessin. C'est finement amené et donne encore de se replonger dans cette période trouble de l'histoire espagnole.
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