Vous avez aimé Bella Ciao, la trilogie de Baru sur ses racines italiennes à Villerupt, où ses ancêtres sont venus bosser et où l'auteur a grandi avant de rester y vivre ? Vous devriez apprécier Rodina, l'histoire singulière d'un groupe de Résistantes pendant la Seconde Guerre mondiale. Si le texte se lit un poil trop vite, le dessin reste le même : fantasque et poétique.
Dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, trente-sept femmes ont été libérées du camp d'Errouville, en Meurthe-et-Moselle, par un groupe de Francs-tireurs partisans. Elles sont Russes et Ukrainiennes. Bien décidées à se battre, elles créent l'unique détachement féminin de la Résistance française et le surnomment Rodina, qui signifie « patrie » en russe. Teo, de la trilogie Bella Ciao, raconte cette histoire, étroitement liée à celle des immigrés italiens venus bosser dur à Longwy, Villerupt...
Avec Rodina, Baru prolonge sa trilogie authentique, Bella ciao...
C'est donc une sorte de prolongement de sa superbe trilogie Bella Ciao que nous livre Baru. Une nouvelle façon de revenir sur les traces de ces ancêtres en faisant découvrir au lecteur ce pan méconnu de la Résistance française au féminin. Comme à l'accoutumée, la narration est aussi authentique et costaude qu'une discussion de comptoir et les personnages ont des tempéraments bien trempés, ce que l'on ressent aussi dans le dessin.
Baru rend un vibrant hommage à toutes ces femmes, qui étaient accompagnées de vingt-quatre hommes lors de la libération du camp, avant de prendre les armes pour défendre la France face à l'Occupant. On retrouve toute la veine de Baru : sa manière assez fantasque d'avancer dans le récit, son dessin très instinctif, qui vient du cœur comme on le ressent à chaque page, dans chaque case.
Rodina © Baru - Futuropolis
Un seul regret, par contre, à la lecture de ce joli prolongement : l'histoire de ces résistantes ne constitue qu'une toute petite partie de cette bande dessinée. Elle aurait pourtant mérité d'être davantage creusée. C'est le problème avec Baru : une fois qu'on y a goûté, on en veut toujours plus. Una mattina, mi sono alzato...