Après l’histoire de la conquête de l’Ouest, après le sort réservé aux Indiens, Tiburce Oger et son équipe se penchent sur les hors-la-loi et autres tueurs qui ont défrayé la chronique américaine au XIXe siècle.
Alors que l’on pouvait s’attendre à un léger épuisement de la formule, Tiburce Oger nous démontre que le sujet le passionne toujours autant et qu’il a encore pas mal de récits à nous livrer, aidé pour cela par ses camarades artistes toujours fidèles au rendez-vous. De Labiano à Vatine, en passant par Rossi, Gastine, Carloni, Meynet, Toulhoat, Hirn, Hérenguel, Blasco-Martinez, Jef, Dumontheuil et Bertail…
© Gunmen of the West © Bamboo Editions
Pendez-les haut et court
L’histoire de l’Ouest sauvage est multiple et complexe, elle est parcourue par la violence, un ersatz de justice expéditive et arbitraire, par le sentiment que finalement tout est permis, tant qu’on arrive à fuir, à sauver sa tête. Nombreuses sont les chroniques qui relatent telle arrestation, telle attaque de train meurtrière ou la pendaison d’un tueur célèbre qui a semé sa route de cadavres. Tiburce Oger se nourrit une nouvelle fois de ce terreau fertile pour brosser 11 portraits aux contours très variés. Qu’il s’agisse de deux frères qui ont massacré des familles entières, de l’étrange cas d’un éléphant exécuté pour avoir tué un soigneur un peu trop « zélé », ou encore d’une troupe d’Indiens condamnés par erreur… Il n’y a pas de pitié, ni sommation, les flingues font la loi. Cependant, le scénariste adopte une très belle écriture profonde et sèche, transcendée par les incroyables prestations graphiques des uns et des autres.
© Gunmen of the West © Bamboo Edition
Version sans maquillage
Ce qui est d’ailleurs intéressant avec ces westerns « européens », c’est cette volonté de sortir des archétypes hollywoodiens, en gardant cette authenticité sans compromis. Ils n’hésitent pas à écorcher l’héritage des colons blancs qui ont remodelé un continent entier au rythme de leurs « exploits » légendaires, à grand renfort de massacres d’Indiens, de ségrégation massive.
Malgré tout, l’idée de ce volume n’est pas réellement de jouer un rôle polémiste, ni d’ouvrir des débats, mais plutôt de rester au plus près d’une sorte de témoignage d’une époque révolue, sauvage et impitoyable.
Le concept reste plein de potentiel, vivement le prochain album.
Article publié dans le Mag ZOO N°95 Novembre-Décembre 2023