Chaque (rarissime) nouvel album des Cités obscures constitue un événement dans le monde du 9e art. D’autant plus que ce retour du capitaine Nemo est aussi, en quelque sorte, celui de François Schuiten. Embarquez à bord du Nauti-poulpe.
« Capitaine, j’étais capitaine… Je suis le capitaine Nemo… » Un homme émacié, misérable, émerge difficilement d’un long sommeil. Autrefois capitaine émérite, le voici prisonnier d’un être hybride, mi-créature mi-submersible : le Nauti-poulpe. Balloté au rythme des pérégrinations maritimes et terrestres de la bête, l’homme se remémore par bribes son passé. Où l’emmène le Nauti-poulpe ?
Le Retour du Capitaine Nemo, Les Cités obscures © Casterman, 2023
Prochain arrêt : Samarobrive
C’est en 1982, dans le numéro 53 de (À Suivre), que tout commence. François Schuiten, dessinateur et scénographe, et Benoît Peeters, scénariste et biographe, publient alors le premier tome d’une série désormais mythique. Suivent de nombreux prix, treize albums, dont cinq ne sont pas des bandes dessinées (récit illustré, guide de voyage…). Chaque œuvre apporte une pierre nouvelle au fabuleux édifice des Cités obscures, enrichissant un univers fantastique et sibyllin.
Cette fois-ci, l’album est un hommage à Jules Verne qui, bien que pris dans l’immense cathédrale des Cités, apparaît comme une singularité. François Schuiten en a eu l’idée durant la conception d’une statue célébrant l’auteur de Vingt Mille Lieues sous les mers. Réalisée en collaboration avec le sculpteur Pierre Matter, elle devrait se dresser fièrement à Amiens en 2025. Le retour du capitaine Nemo est un véritable prolongement de cette future sculpture.
Le Retour du Capitaine Nemo, Les Cités obscures © Casterman, 2023
Dessine-moi un Nauti-poulpe
L’ouvrage est un récit illustré, rappelant par sa forme celui de L’Archiviste : chaque page de court texte illustré est suivie d’une pleine page dessinée. De nombreuses références à l’univers des Cités (mais pas que) parsèment le périple du capitaine. Les illustrations de François Schuiten, armé de sa technique implacable, sont de véritables tableaux.
« Je m’en souviens… Il y a deux voies : celle de la science, celle de l’imagination… Il faut les arpenter tour à tour… passer de l’une à l’autre… trouver de nouveaux repères… » À nouveau, François Schuiten et Benoît Peeters nous font rêver.
Article publié dans le Mag ZOO N°95 Novembre-Décembre 2023