Jean Van Hamme, sémillant octogénaire, nous revient en forme avec une salve de sept nouvelles dans lesquelles on ne peut que reconnaître son sens de la narration… et son humour, souvent noir. Sept dessinateurs sont au rendez-vous, chacun avec son style.
La mort est au centre de six des sept histoires qui composent cet album. Des morts violentes, présentées de manière assez malicieuse. La septième traite du mariage : un message sous-jacent, Monsieur Van Hamme ?
« L’ange de miséricorde », qui donne son titre à l’album, est une nouvelle écrite par Jean Van Hamme il y a une vingtaine d’années. Son interprétation en BD par Aimée de Jongh permet de revisiter avec bonheur combien l’amour peut transcender et apaiser les fantasmes les plus vils.
Dans Le Vol d’Icare, Ricard Efa illustre une histoire de club de parachutistes amateurs qui montre que non seulement il faut bien plier son parachute, mais aussi que le hasard fait bien les choses, avec une certaine morale un brin cynique.
Les Dents de l’amour dessinées par Christian Durieux nous fait connaître Gaston, scénariste et vieux garçon. Durieux dessine bien Monsieur Tout-le-Monde. Grâce à une agence de rencontres, Gaston va faire la connaissance d’une femme jeune, belle et riche qui le consomme dès leur première rencontre. Le Paradis ou les portes de l’Enfer ?
© Dupuis, 2023
Avec Les Bretelles, une fable fantastique, José Luis Munuera met en image avec son brio habituel l’immoralité du capitalisme le plus brut. Van Hamme est en verve ! Et Munuera, spécialiste du mouvement, nous offre de beaux arrêts sur image.
Comment avoir sa statue sur la place Joachim xiii ? Emmanuel Bazin nous répond de son trait précis et élégant avec un court récit sur le thème : tel est pris qui croyait prendre.
Dominique Bertail nous propose dans Le Piège un univers mondain au milieu duquel trône une marieuse. Si le dessin en couleur directe est très plaisant, la chute de l’histoire peut laisser perplexe.
Dans Adios, amigo, Djief nous conte une histoire sur une île perdue, avec une ambiance à la Zambada d’Autheman et Maltaite. Une jeune femme belle et sans scrupules, comme le scénariste les affectionne, est au centre de l’histoire. Là encore, la chute est rude. Les lecteurs de l’album comprendront…
Van Hamme a toujours été excellent dans la construction d’un récit. Quand il cornaquait Yves Sente, il l’amenait à supprimer des pages pour aller à l’essentiel. Le format court l’oblige encore plus à l’épure. Pas le temps pour de la sophistication. L’impression globale à l’issue de la lecture de l’album est qu’il n’a pas perdu la main. Et qu’il s’amuse. De ce fait, on suit le tempo.
Article publié dans le Mag ZOO N°95 Novembre-Décembre 2023