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Kroma (Edition Comptoir du rêve)

couverture de l'album Kroma (Edition Comptoir du rêve)

Éditeur : Delcourt

Dessin : Lorenzo De FeliciAuteur :

Collection : Contrebande

Genres : Aventure

Prix : 22.95€

  • ZOO
    note Zoo4.5

    Scénario

    4.5

    Dessin

    4.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

La BD de ceux qui hésitent entre couleur et noir et blanc

La couleur. De nombreuses critiques de bande dessinées passent sous silence cette étape pourtant essentielle de la création dans le 9e Art. Alors quand un auteur italien publié aux USA en fait le sujet central de son histoire, Kroma, publiée chez Delcourt, là, il devient impossible de passer à côté.

Dans la cité pâle, il est coutume de dire que la couleur, c’est la mort. La couleur, c’est cela qui attire les créatures de la forêt et fait de vous un mort en sursis. Alors la cité et ses habitants se couvrent d’argile blanche et bannissent toute couleur de leur vie, en tremblant de peur face aux menaces extérieures. Et ils suivent scrupuleusement le rituel dans lequel ils combattent collectivement l’engeance monstrueuse du roi des couleurs. Un monstre qui pourrait bien n’être qu’une petite fille…

Pourquoi la couleur est-elle un élément narratif ?

Un bon concept peut-il faire une bonne histoire ? Ici, oui. Lorenzo De Felici, dessinateur d’Oblivion avec Robert Kirkman, a trouvé une bonne idée et propose un traitement à la hauteur.
Une idée de dessinateur, sans aucun doute, mais plus encore, une véritable idée de raconteur d’histoire. Car la couleur est un élément narratif dans la bande dessinée. Lisez Akira en version noir et blanc, puis en version colorisée par les Américains dans les années 90, vous en verrez parfaitement le sens. Un dessin pensé en noir et blanc ou pour être soutenu par la couleur n’offrira pas la même densité de traits. La couleur, chez Morris, transmettait des informations sur les émotions des personnages. Elle peut aussi informer du temps qui passe, évoluant au fil des heures ou des saisons.

Kroma

Kroma
© Lorenzo De Felici - Delcourt

Pourquoi Kroma est plus qu'un concept ?

Et donc, De Felici joue avec ce sujet. Il bâti une Histoire à son monde, à partir de cette dangerosité de la couleur. Dangereuse, elle l’est réellement. Des monstres terribles se déchainent à la moindre goutte de couleur. Danger encore plus grand quand nous sommes, humains, porteurs d’une couleur vitale, le rouge de notre sang. 

Les épisodes vont donc se construire dans l’opposition entre les éléments venus de la forêts, colorés, et ceux de la ville, blancs. La confrontation entre les deux mondes apportant, au fil des cases, des effets de contrastes qui renforcent l’impossible cohabitation. 
Mais Kroma, ce n’est pas juste une bonne idée conceptuelle.

C’est aussi une histoire prenante. Une histoire de liberté individuelle ou collective, de compréhension de l’autre. Il y a de belles tragédies individuelles, mais surtout, une absence de manichéisme, contrairement à ce que le parti pris graphique pourrait laisser supposer. Et c’est là que l’auteur est fort. Là qu’il livre une œuvre équilibrée, porteuse de messages et divertissante.

Pour passer une bonne soirée de lecture, Kroma, de Lorenzo de Felici, est une option tout à fait pertinente, pour les lecteurs de comic-books comme pour tous les autres. 

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