Rue du Prince

Pour son premier album de bande dessinée, Emilie Ettori fait appel à ses talents d’architecte et dresse le panorama d’une ville imaginaire dans laquelle évoluent différents personnages dont l’histoire sera mise en avant tour à tour. Rue du Prince nous fait voyager dans une ville qui ne semble jamais se reposer.

L’histoire, ou plutôt les histoires de cet album, se déroulent dans une ville imaginaire. Bien qu’elle n’apparaisse sur aucune carte géographique cette ville possède néanmoins sa propre histoire, sa topographie, ses traditions et regorge d’habitants au caractère bien trempé. Après une présentation très détaillée et créative de chaque quartier, l’autrice nous plonge dans un instant de vie de certains de ces habitants vivant et travaillant dans des zones différentes. On y croise entre autre un jeune voiturier qui s’ennuie, une vieille concierge acariâtre, un chien un brin nostalgique ou encore un garçon de café bien mal-aimable.

L’autrice parvient à donner à cette ville imaginaire une véritable identité avec ses quartiers industriels, médiévaux, populaires ou chics aux airs Haussmanniens. On ressent à travers ses descriptions et ses illustrations toute la formation d’architecte qu’a reçue Emilie Ettori. Néanmoins, malgré une manière originale d’explorer cette ville, les destins de ces deux femmes, trois hommes et de ce chien restent assez communs - peut-être trop - et peinent à nous emporter véritablement, contrairement aux illustrations très réussies.

« La Coquille est le quartier historique de la ville. Il doit son nom à sa forme qui, vue du ciel ressemble à une coquille de noix. »

Le grand format atypique et les illustrations dynamiques et mouvantes alternant différents points de vue (aérien, plongée et contre plongée, intimiste) nous plongent avec délice dans une ville vivante et bouillonnante. On ressent bien le plaisir que l’illustratrice a pris à imaginer cette ville rêvée, foisonnante de détails. Bravo pour les planches doubles pages qui font de cet album une vraie réussite graphique.

Moins convaincant par le récit que par les illustrations, Rue du Prince marque tout de même pour Emilie Ettori une entrée prometteuse dans le monde du 9^e art.