L'Alibi

Après la publication réussie d’un premier recueil de fictions policières, intitulé Le crime parfait, les éditions Phileas présentent maintenant un nouvel album collectif explorant le thème de l'alibi. Ce projet rassemble une dizaine d'histoires courtes créées par des artistes reconnus, chacune offrant une perspective unique sur le sujet.

Chaque chapitre aborde l'alibi sous un angle particulier. Certains auteurs explorent le concept dans le contexte d'un meurtre, d'autres dans celui d'une aventure extra-conjugale, tandis que certains entremêlent ces deux motifs. Les récits se déploient à travers différentes époques et lieux, des années 20/30 aux États-Unis avec Manini et Guérineau, aux années 50/60 avec Astier & Bétaucourt ou Berlion. Ces historiettes sont clairement influencées par le cinéma américain, bien que Guérineau adopte un traitement inhabituel pour cet auteur en dotant ses personnages de têtes d'animaux, évoquant ainsi l'esthétique de Walt Disney ou, plus récemment, celle des albums de Blacksad.

D'autres histoires se déroulent dans le monde contemporain, en France. Deux des récits les plus remarquables sont signés Springer & Lambour ainsi que Blary & Galandon. Dans ces cas, l'originalité du scénario s'associe à une réalisation graphique réussie.

L'Alibi
© Collectif - Phileas

Cependant, dans ce genre de recueil, la diversité des approches graphiques et des univers narratifs peut parfois donner l'impression de feuilleter des copies d'examens partageant un thème commun. Le manque d'unité visuelle ou de continuité narrative peut décevoir le lecteur. Malgré cela, l'exploration individuelle du thème commun par chaque auteur reste intéressante. Ces projets offrent également aux artistes la possibilité d'entreprendre des explorations graphiques audacieuses ou de collaborer avec de nouveaux scénaristes et maisons d'édition.

Au final, notons les deux couvertures alternatives. La première, conçue par Labiano pour l'édition grand public, illustre de manière captivante le thème de l'alibi. On y observe un détective privé enquêtant sur un couple illégitime, le cadrage au ras du trottoir montrant en gros plan les jambes de l’enquêteur dans l’ombre ajoutent une dimension angoissante. La seconde, réalisée par Laurent Astier pour le tirage des librairies Canal BD, est intrigante. Elle représente un homme allumant une cigarette dans une pièce ; il est en compagnie d'une femme tenant un verre. En surimpression sur le visage de l'homme éclairé par le briquet, on distingue la silhouette du même personnage avec un revolver, laissant le lecteur imaginer une histoire complexe. Cette illustration stimule l'imagination du lecteur avec succès.