Ce nouvel album de Brecht Evens s'inscrit dans la lignée de ses précédents ouvrages. À travers son style narratif et pictural singulier, il crée des albums très originaux. Cette fois-ci, il illustre avec ses magnifiques illustrations à l'aquarelle les relations entre un père et son fils, vues à travers les yeux de l'enfant.
Arthur, privé de sa mère, vit sous l'emprise de son géniteur, percevant le monde à travers son regard. Ils se retrouvent confinés dans leur maison, se protégeant d'un complot ourdi par les Dirigeants, se méfiant de tout et de tous. Le jeune garçon suit un entraînement de survie en conditions extrêmes au cas où leur environnement changerait. Puis, un jour, le père disparaît soudainement, poussant le garçon à partir à sa recherche.
Fidèle à son style décalé, Brecht Evens conçoit sa bande dessinée comme une véritable œuvre d'art. Son récit a des airs de conte, mettant en scène une relation très intense entre le père et le fils, vivant en autarcie et coupés du monde extérieur. Le lecteur s'interroge sur la santé mentale du père qui vit dans le complot et la peur du monde. Mais, il commence à douter de son jugement après la mystérieuse disparition du paternel.
Le Roi Méduse
© Brecht Evens - Actes Sud
Au-delà de l'intrigue, la force du style de cet auteur réside dans sa mise en images. L'ouvrage est réalisé à l'aquarelle, sans contours au crayon ou à la plume, avec une moyenne de 1 à 8 scènes par page. Il ne s'agit pas strictement de cases, car il n'y a pas de délimitation nette. Chaque dessin constitue une petite œuvre d'art, dégageant une poésie qui évoque certains grands romans. La technique de Brecht Evens est si distinctive qu'il est difficile de classer ses œuvres strictement dans la catégorie de la bande dessinée, de la littérature ou de la poésie. Cependant, il est indéniable qu'il excelle à transporter le lecteur dans son univers et à le faire rêver éveillé.
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