"Les mots sont des trésors" , réalise Emily, enfant. Elle décèle en eux un pouvoir d'envoûtement et d'évocation qu'elle s'efforcera de posséder toute sa vie. Emily Dickinson, fille de bonne famille dans l'Amérique du XIXe siècle, se raconte au travers de ses souvenirs fugaces et lumineux, qui révèlent le tempérament d'une femme passionnée, fière, indépendante, insoumise au rôle qu'on cherche à la lui assigner. Elle fait alors le choix de s'adonner à la pensée et aux mots au point de se couper du monde en s'isolant dans la maison paternelle, comme une pratique de la liberté. Après la biographie de Virginia Woolf en bande dessinée, l'autrice italienne, Liuba Gabriele nous offre un magnigique roman graphique sur une nouvelle icone féministe. La beauté des planches et la poésie qu'il en ressort, s'approchent au plus près de l'écriture de la grande poétesse américaine.
Emily Dickinson
Paloma Desoille, Gabriele Liuba
Éditeur : Des ronds dans l'O
Dessin : Gabriele LiubaAuteur : Gabriele LiubaTraducteur : Paloma Desoille
Collection : RDL.BD
Prix : 22.00€
- ZOO5.0
Scénario
4.0Dessin
5.0 - 4.01 note pour 1 critique
Le synopsis de l'album Emily Dickinson
Le court passage terrestre d’une poétesse entre deux mondes
Fille de puritains considérant la nature et la littérature comme les poisons de l’âme, la jeune Emily Dickinson révèle une sensibilité proche de la médiumnité. Loin des bibles et des visages fermés de ses parents, elle aspire à ressentir le monde à travers des facultés perceptives que son entourage ne comprendra jamais, mais perd tour à tour les seuls êtres aptes à la déchiffrer.
Une fois encore, Liuba Gabriele met son talent au service d’un destin tragique, celui d’une artiste aux abyssales émotions dont l’existence sera courte et le génie tardivement reconnu.
Après Virginia Woolf, romancière dépressive à l’œuvre protéiforme et féministe, elle rend hommage à Emily Dickinson, poétesse hypersensible éprise du pouvoir des forêts. Deux femmes nées au mauvais endroit à la mauvaise époque, deux femmes attirées par d'autres femmes, incomprises de leurs familles, accablées par les deuils et trouvant dans l’écriture la porte de sortie d’un quotidien loin d’être à la hauteur de leur puissance créative.
Emily Dickinson © Des ronds dans l'O
La première chose qui interpelle ici, pour qui n’a jamais approché le précédent album de l’autrice italienne, ce sont ces lignes sinueuses et colorées souvent mises au service d’extérieurs luxuriants, mais également de demeures décorées de motifs compliqués aussi étouffants que fascinants.
Ici, les personnages existent par le décor, théâtre et interface de leurs vies intérieures. Les contrastes stimulent l'œil tandis que les perspectives jouent avec l’imagination d’un lecteur baladé de débauche végétale foisonnante en salons bourgeois. Complexe et habité, aussi dense que son œuvre, le dialogue intérieur d’Emily colonise le reste de l’espace.
Un album de Liuba Gabriele, c’est avant tout une expérience sensorielle saturée de teintes variées dont on peut presque percevoir la texture, voire le goût, mais également un périple à travers une histoire des mots relue via le prisme féminin. En offrant à ces figures de la littérature une nouvelle représentation presque pop, elle les réintègre au sein d’un continuum culturel tendant à amoindrir l’impact des femmes artistes.
Une nouvelle prouesse graphique et narrative supportant de multiples lectures en raison de son extrême richesse dissimulée par une apparente simplicité.
Commentaire et critiques (1)
4.0
Premier album de Liuba Gabriele que je découvre avec cette album sur Emily Dickinson. Des graphismes pastel tout en courbe, de la douceur par ses traits. Un portrait passionné, une ode à l'amour et à l'autrice, une immersion poétique. Une nouvelle bonne façon de découvrir ou redécouvrir la biographie de l'écrivaine.
Le 26/06/2024 à 18h38
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