Aldobrando

Sachant qu’il n’a aucune chance de ressortir vivant d’un duel pour sauver son honneur, un père veuf confie son tout jeune minot, Aldobrando, à un vieux sorcier qui lui est redevable d’une belle somme d’argent. À charge pour le vieillard qui n’a jamais eu d’enfant, de l’élever et d’en faire un homme. Gipi nous plonge dans un monde médiéval imaginaire, dans la pure tradition des contes, solidement épaulé par le dessin à la fois très puissant et très inspiré de Luigi Critone.

Adolescent, le gamin loin d’être dégourdi, n’a jamais été au-delà de la forêt où réside son précepteur. Un jour, alors que celui-ci prépare une potion pour accomplir un sortilège, il est blessé à l’œil par un chat qu’il fallait plonger vivant dans le chaudron bouillant. Pour ne pas finir borgne, il charge Aldobrando de partir et lui rapporter quelques feuilles d’Herbe du Loup. Et c’est ainsi que le gamin va partir à la découverte du monde qui l’entoure. À peine lâché dans la nature, il va tomber sur un jeune crétin, guère plus âgé que lui, qui va abuser de sa crédulité pour en faire son écuyer. De fil en aiguille, à la suite de ces deux personnages, nous allons partir à la découverte du royaume des deux fontaines, de son roi et de la multitude de personnages qui gravite autour de lui.

Dans cette quête initiatique, sur les pas de son candide héros, le récit de Gipi passe par tous les registres. Il se montre tour à tour, grave, émouvant, souvent drôle et, surtout, captivant de bout en bout de ces 204 pages qu’on ne lâche pas avant la fin.

Plutôt que d’illustrer lui-même son scénario, Gipi a trouvé son partenaire graphique idéal. Sa palette magique, son sens de la lumière admirable, son dessin semi-réaliste sont en parfaite adéquation avec l’esprit du récit. Après sa brillante adaptation du roman de Jean Teulé, Luigi Critone est désormais devenu un auteur incontournable.