Lizzy Stewart nous offre avec Alison, à coups de pinceau, une plongée intimiste dans la vie d’une artiste en construction fraichement arrivée dans le Londres des années 1920. L’autrice dresse le portrait d’une jeune femme déterminée à réaliser son rêve : vivre de son art dans un milieu encore particulièrement hostile aux femmes.
Alison a tout juste 20 ans lorsqu’elle se marie. Elle s’installe avec son mari dans une petite maison de Bridport dans le Dorset. Très vite, la jeune fille s’ennuie dans cette vie routinière, sans aspiration, sans ambition, enfermée dans un mariage qui ne la rend ni heureuse ni malheureuse. Jusqu’à sa rencontre avec Patrick, un peintre de 30 ans son aîné, venu de Londres, qui va faire ressortir en elle son amour pour la peinture, son besoin de dessiner, de créer, de peindre. Elle décide alors de tout quitter pour rejoindre cet homme à Londres, où, elle l’espère, une nouvelle vie plus enthousiasmante l’attend. Alison y découvre un monde insoupçonné et se lance dans une carrière artistique. Mais comment se faire un nom dans un monde si masculin ? Comment faire reconnaitre son art ? Désillusions, émerveillements, rencontres, créations, amitiés et travail seront au rendez-vous de ce nouveau départ. Si Alison sait quelle artiste elle est, elle passera toute sa vie à comprendre qui elle est vraiment intimement.
Alison, à coups de pinceau © Helvetiq
À travers ce roman graphique, Lizzy Stewart dresse un portrait captivant de la scène artistique londonienne de la fin des années 20, à travers les yeux d’une jeune fille naïve qui souhaite plus que tout y être reconnue. Le récit à la première personne nous entraîne dans la découverte de ce milieu en rendant le sujet accessible. On y suit les peurs, les doutes, les remises en question et les coups durs que rencontre la jeune artiste. L’autrice aborde à travers le personnage d’Alison, la place des femmes dans la société de la première moitié du 20e, mais aussi et surtout la place de ces dernières dans le milieu de l’art, milieu masculin et misogyne.
Le roman graphique de presque 170 pages, alterne pavés de textes, planches de BD, et pages d’illustrations, le tout parsemé de croquis préparatoires du travail de la jeune artiste, d’affiches d’exposition, d’instantanés de vie et de travaux de recherches. La lecture, à l’image d’un journal de bord ou carnet intime, est ainsi dynamique, fluide et offre une plongée directe et savoureuse dans l’intimité de la jeune femme.
Ode à l’émancipation féminine et au courage, le premier roman graphique de Lizzy Stewart est une vraie réussite, tant visuelle que narrative, qui nous captive du début à la fin et nous transporte par ses superbes illustrations.