Fidji

Fidji, c'est la fuite en avant de deux potes rattrapés par les démons de leur passé. Un road-movie sur fond de couple qui bat de l'aile, de bagnoles cramées et d'équilibrisme sur le fil entre l'amitié et la délinquance. Une très chouette BD.

C’est l’une de ces belles histoires. Le récit de vie de deux amis tellement proches qu’ils se considèrent comme des frangins. Ils ont fait des conneries dans leur jeunesse. Trop. Les 400 coups, et même un peu plus. Trop. L’un d’eux a quitté leur ville, Biarritz où ils sont nés et ont grandi, pour s’envoler aux îles Fidji. Fuir son passé. L’autre vit à Paris et travaille comme commercial dans la boîte de son beau-père. Mais son boulot ne lui plaît pas. Il vit en couple et ils sont à deux doigts d’acheter un minuscule appartement qui va leur coûter une fortune. Ça non plus, ça ne lui plaît pas. Au même moment, son frère de cœur déboule des Fidji après des années d’absence. Comme un cheveu sur la soupe. Mais le temps a passé…

Extrait de "Fidji" © Delcourt

Jean-Luc Cano livre un scénario d’excellent niveau. Une tranche de vie racontée avec sensibilité et humanité. L’histoire de Sam et Vincent, c’est celle de plein de potes. De ceux qui ont franchi la ligne rouge. Qui sont allés plus loin que la fête, plus loin que la morale, au-delà du permissible et de la loi. Quand ils se retrouvent, c’est un peu comme si la vie ne les avait pas vraiment séparés. Sauf que l’un des deux s’est rangé des bagnoles et qu’ils sont désormais en décalage. Ils n’ont pas vieilli au même rythme. Comme deux bouteilles du même vin dont la maturité ne sera pas la même au même âge.

Pierre-Denis Goux offre à cette histoire délicate et ultra réaliste son dessin de très belle facture. Son sens de la dynamique , son découpage qui fait foncer cette histoire à fond la caisse font de Fidji une BD qui compte et qui reste. De celles qui marquent et dont on se souvient longtemps. Un côté universel empreint d’éternité. À l’image de l’amitié entre Sam et Vincent.