Le monde des routiers a ses contraintes, ses codes, mais c’est aussi un espace de liberté. C’est ce que va découvrir le jeune Djo, qui accompagne son père dans un voyage initiatique sur les routes de Belgique et de France. Le dessin est presque enfantin mais le propos ne l’est pas. On est cueilli.
Djo, c’est Geoffrey Delinte, le dessinateur, quand il avait 13 ans. Même s’il a confié les rênes du scénario à l’excellente Marzena Sowa (autrice avec Sylvain Savoia de la série Marzi sur son enfance polonaise et de Petit pays d’après le roman de Gaël Faye), ce sont ses propres souvenirs qui ont inspiré cette histoire. Le père de Djo est souvent en déplacement : il est routier. Sur l’insistance de sa femme, il va emmener son fils avec lui pendant les vacances, pour qu’ils apprennent à mieux se connaître. Pas simple, car chacun est sur la défensive. Djo aurait préféré voir ses copains. Le père est habitué à la liberté de sa vie de routier.
Des rencontres qui marquent une vie
Ce qui frappe d’emblée est le dessin délicat, presque naïf de Delinte, en décalage apparent avec le sujet : l’univers, perçu comme testostéroné, des conducteurs de poids-lourds. Il est vrai qu'il existe des conductrices femmes. On en voit en tout cas une dans le récit ! Les autres femmes qui apparaissent sont une grand-mère seule, des serveuses des restos pour routiers ou de jeunes prostituées, présentes sur les aires de repos des camions pour "assouvir les besoins" des chauffeurs. Djo a le béguin pour l'une d'entre elles, Hortense. Pas la meilleure idée, sans doute, encore moins durable qu'une amourette de vacances. Djo découvre des sentiments intenses, de l'élan amoureux à la jalousie. Le sujet est pour le moins casse-gueule mais traité avec finesse.
Hey Djo ! © Gallimard, 2024
Djo fait aussi la connaissance d’une fratrie, celle des camionneurs, même si la communication est limitée par la barrière de la langue. Quelques mots échangés, des photos de sa famille montrées : la connexion se fait, en toute simplicité. Autre sujet abordé : les migrants, passagers plus ou moins clandestins des camions. Ce sont des personnes simples, parfois à la marge de la société, que Djo croise. Une belle leçon de vie.
Son père est-il un héros ?
Djo note dans un cahier ses rencontres, ses pensées, il y ajoute des dessins. Un carnet de route. Il est en train de mûrir, le temps de ces voyages entre la Belgique et la France. Son père laisse parfois quelques heures le garçon dans un resto routier, voire il disparaît sans explication et confie son fils à un de ses collègues. Que diable fait-il ? Va-t-on découvrir un père indigne ou un héros ? Lisez cette histoire hors normes et attachante pour répondre à cette question.
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