Jean, écrivain, se prend pour un Américain. Il rencontre Jane, une Américaine que la France fait rêver. De leur union, naît Jeannie. Au fil d'une bande dessinée aussi singulière dans son scénario que son dessin, binaire et ses couleurs primaires, Guillaume Chauchat livre une BD hors des sentiers battus. Un ouvrage intéressant, même s'il a parfois du mal à convaincre.
Jean est un écrivain français qui remet tout au lendemain et passe son temps à rêver d'Amérique. Jane est une Américaine que la France fait rêver. Leurs destins se croisent dans l'Hexagone. Le fruit de leur amour, la petite Jeannie, naît neuf mois plus tard sur le sol américain.
Guillaume Chauchat livre un scénario pour le moins surprenant. Son récit se construit sur les allers-retours entre la France et l'Amérique du Nord, sur l'imaginaire du rêve américain et de l'Eldorado que chacun façonne à sa façon dans son for intérieur. Sa narration, curieuse et intéressante, fait sortir le lecteur des sentiers battus et le prend par la main pour mieux l'entraîner dans sa symbolique.
Je suis un Américain © 2024
Et chez Guillaume Chauchat, force est de constater que la symbolique n'est pas uniquement narrative : cela saute aux yeux en découvrant son dessin, binaire, minimaliste, mais savamment maîtrisé. On avance de cases en pleines pages, cloisonnés dans les couleurs primaires. Sans nuances, car elles se trouvent ailleurs : dans la force du propos et les va-et-vient entre les différents personnages qui portent tous la même initiale, le J, et entre les deux pays et leurs cultures.
Même si Je suis un Américain remporte le prix de l'audace et de la singularité, son propos a parfois du mal à convaincre. Il y a des planches très fortes, mais elles laissent trop vite la place à des passages que l'on subit un peu, comme le ventre mou d'un récit qui peine à emballer pleinement sur la distance. Intéressant pour les curieux, mais pas forcément incontournable.