Journal d'une Bataille n'est pas une bande dessinée, mais plutôt un ouvrage dans lequel l'auteur mène une introspection qu'il retranscrit à travers des pages de textes et de nombreux dessins inspirés de l'art moderne.
Pendant 18 mois, Cyril Pedrosa, en proie à un syndrome dépressif, couche sur le papier ses pensées. Lui qui peine à se remettre à la bande dessinée et qui ne trouve plus l'énergie ni la motivation pour s'asseoir devant sa planche à dessin, accepte de réaliser 90 dessins sur des panneaux muraux pour une exposition qui se tiendra en avril 2024 à Saint-Gratien. Ses dessins s'éloignent en grande partie du figuratif, mais l'on reconnaît néanmoins sa signature. Certains sont peints en noir avec un pinceau épais, d'autres présentent de nombreux aplats de couleurs vives, ou encore une multitude de traits de crayon ou de stylos colorés. Certaines images sont figuratives, d'autres totalement abstraites. Ce travail, réalisé sans contraintes quant à la couleur, la matière, les formes et l'espace, est parfois très réussi, parfois moins. Certaines images sont émouvantes, d'autres laissent le lecteur indifférent.
Journal d'une bataille © Dupuis, 2024
Ces dessins, classés par mois de réalisation, sont entrecoupés de textes qui reflètent l'état d'esprit de l'auteur. Ils abordent divers sujets et sont représentés dans des couleurs qui évoquent l'humeur de Cyril Pedrosa. Ce dernier a exprimé ses sentiments aussi bien par les mots que par les images. Ce livre se présente comme une sorte d'analyse. Dans l'ensemble, les textes demeurent des états d'âme sans véritable lien entre eux. Bien que l'on puisse parfois percevoir une résonance avec les dessins, l'ouvrage reste assez décousu et déroutant. On comprend l'exercice auquel s'est livré l'auteur, mais fallait-il en faire un gros livre ? Espérons qu'après cet intermède, Pedrosa retrouvera l'envie de se consacrer à la bande dessinée et qu'il sera en mesure de produire des œuvres aussi réussies que les précédentes.