ZOO

Là où gisait le corps

couverture de l'album Là où gisait le corps

Éditeur : Delcourt

Auteur : Traducteur : Doug Headline

Collection : Contrebande

Genres : Aventure, Polar / Thriller

Prix : 17.95€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le coupable n’est pas celui que vous croyez

Une intrigue qui débute comme une partie de Cluedo, un corps, des suspects potentiels, un décor, se révèle petit à petit être avant tout une plongée au cœur des codes du polar moderne, sauce Brubaker/Phillips.

Dans un quartier résidentiel de la ville, en plein jour, la jeune Lila découvre le corps d’un homme, sur le trottoir. Elle tente de prévenir la police, mais étrangement le mort a disparu pour réapparaître quelques rues plus loin… On ne sait pas encore trop bien de qui il s’agit, ni même ce qui s’est passé, bien évidemment, mais les bases de l’intrigue sont là. L’histoire peut commencer.

Résumé

C’est l’été 1984. L’action se concentre autour de quelques maisons de Pelican Road qui servent de décor à l’intrigue. Ici, tout le monde se connait plus ou moins, se disent bonjour en se croisant, peut-être même s’offrent-ils de temps en temps un cake pour entretenir le bon voisinage. Il n’y a pas vraiment de problème dans le coin, sauf, éventuellement, autour de la pension de famille des Robbins, gérée par le jeune Tommy. On raconte qu’il y a pas mal de junkies qui rodent par-là. Alors rien d’étonnant lorsqu’un jour, une bagarre éclate entre Tommy et Sid le rebelle local, au sujet de Karina, une ado en perdition qui se drogue dès qu’elle le peut. Mais ce qui a vraiment commencé à changer les choses c’est quand le voisin, Palmer Sneed, est intervenu, brandissant sa plaque de flic. Calmant d’office la situation qui dérapait, il dégage Sid en lui intimant de ne plus revenir.
Ce petit coup d’éclat provoque involontairement une sorte de remise en question qui s’immisce petit à petit chez les uns et les autres. Non seulement Palmer est immédiatement intronisé « héros du moment », mais il attire l’attention de Toni Melville, une épouse délaissée, à la sexualité refoulée, qui ne résiste pas au charme viril de ce justicier nonchalant. Prenant conscience que le quartier est rassuré par cette présence, Tommy et, sa désormais copine, Karine organisent des petits cambriolages dans les maisons alentours, tout en étant surveillés par la jeune Lila, qui se rêve super-héroïne, sur ses rollers…

Là où gisait le corps

Là où gisait le corps © Delcourt

Un polar sans l’être vraiment, un savoureux exercice de style

Le duo Brubaker/Phillips nous propose ce nouvel album qui se distingue néanmoins du reste de leur production. Ils s’éloignent sciemment des histoires de détectives hardboiled pour nous plonger dans une sorte de récit mosaïque, véritable imbroglio narratif absolument fascinant de maîtrise où s’entremêlent plusieurs micro-histoires qui nous balancent dans le passé, le futur, le présent, qui varient de narrateurs en nous éloignant de façon assez subtile de cette vague histoire de cadavre.

Car, on ne peut pas vraiment parler d’une affaire à élucider, ni même d’un soap, juste d’une étude de mœurs à l’échelle locale qui saute d’un sujet à l’autre, en digressant brillamment autour des humeurs, des réflexions sur la vie des uns et des autres. Au milieu de ces divers parcours viennent se glisser les témoignages des protagonistes en version plus âgée, qui se souviennent… comme interviewés par les auteurs… Ils évoquent les évènements, presque blasés par ce qu’ils sont devenus ensuite.
Brubaker se révèle une nouvelle fois un maître de la narration, avec cette façon de dynamiter adroitement les schémas narratifs classiques. Il brouille les pistes, s’échappe de sa trame principale, tout en maintenant une écriture particulièrement vivante et audacieuse. On ne sait jamais vraiment où il va nous mener, à quel moment on va se reconcentrer sur le fameux cadavre, pour savoir qui est la victime, par exemple. Le scénariste construit au fil des pages un corps de récit très cohérent qui nous happe dès les premières cases.

Et même si la performance graphique de Phillips reste toujours égale à elle-même, on peut dire que le style Brubaker fait à nouveau mouche.

Un gros coup de cœur.


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La bande annonce sur l'album Là où gisait le corps

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