Simon Rochepeau relate le reportage entrepris par le photographe kurde irakien, Ali Arkady, alors qu'il suivait des soldats peu avant l'offensive contre Daesh pour reprendre Mossoul. Ce récit visuel plonge le lecteur au cœur de l'angoisse du journaliste, immergé dans la violence de la guerre.
À la fin de 2016, Der Spiegel, le magazine allemand, charge Ali Arkady de réaliser un reportage sur l'offensive à Mossoul. Familier des zones de conflit, Arkady contacte deux soldats, le capitaine Omar Naza et le caporal Haider, qu'il avait rencontrés lors de la bataille de Falloujah. Tous deux appartiennent à la division d'intervention rapide, l'ERD (Emergency Response Division). Rejoignant les soldats à Qayyarah, une base militaire irakienne proche du front, Ali se sent en sécurité avec ces hommes qu'il estime. Après avoir achevé sa mission pour Der Spiegel en quelques jours, Arkady décide de prolonger son séjour pour construire un témoignage sur la durée et comprendre le fonctionnement de l'unité. Pendant deux mois, il suit le bataillon, mais se retrouve progressivement submergé par la violence des interactions avec les civils. Témoin d'exactions commises par les soldats, il se sent également menacé. Dans ces moments, ses pensées se tournent souvent vers sa femme et sa fille restées à la maison.
L'homme qui en a trop © Futuropolis
Ce témoignage poignant d'un journaliste en pleine zone de conflit évoque le chef-d'œuvre d'Emmanuel Guibert, Le photographe. Cependant, ici, le témoin est plongé au cœur de l'action. Il aspire toutefois à rester en retrait pour témoigner. Malgré ses efforts, il peine à maintenir une distance nécessaire. Simon Rochepeau retrace méticuleusement les paroles d'Ali Arkady, désormais réfugié en France depuis son reportage. Il ne peut plus retourner dans son pays, sa vie y serait en danger. À travers les mots du journaliste irakien, Rochepeau dépeint non seulement son parcours, mais également son état d'esprit, permettant au lecteur de s'immerger dans cet enfer.
Isaac Wens, habitué à explorer divers univers dans ses albums, passe de l'adaptation de Moby Dick d'Herman Melville à ce récit de guerre. Son style de dessin, à la fois stylisé et réaliste, adoucit quelque peu les scènes de torture et de guerre tout en transportant efficacement le lecteur sur le front aux côtés d'Ali Arkady.
Cette bande dessinée, intense et captivante, constitue un témoignage puissant sur la réalité de la guerre contemporaine.
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