ZOO

Les yeux fermés

couverture de l'album Les yeux fermés

Éditeur : Dupuis

Dessin : Héloïse MartinAuteur :

Prix : 15.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

La critique ZOO sur l'album Les yeux fermés

Chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles et seulement 10% des agresseurs sont condamnés. Les violences intrafamiliales sont une part extrêmement importante de ces violences et dans 25% des cas, la dénonciation n’a aucun impact sur l’organisation familiale. Victime d’inceste durant son enfance, Héloïse Martin s’inspire de son vécu pour construire avec Baptiste Magontier et Valentine de Lussy un récit touchant, pudique et très fort sur l’impact de ces crimes au sein d’une famille.

À l’occasion de la fête d’anniversaire de leur mariage, Emilie retrouve ses grands-parents dans la maison familiale. Toute la famille a prévu de s’y réunir. Sa mère, ses cousins, ses tantes et oncles, mais surtout le mari de sa tante qui la trouble énormément. Tous ses souvenirs d’enfance, douloureux, ressurgissent alors et vont faire vivre à Emilie un séjour des plus affreux. Comment cet homme, accusé de pédophilie sur elle et sa cousine, peut-il être présent à ces quelques jours d’intimité familiale, jouant avec les enfants présents ? Comment se fait-il que cela ne semble déranger personne ? Entre incompréhension et effroi, la jeune fille bouillonne, tremble et ne pourra, à juste titre, contenir toute sa colère envers cette famille qui ferme les yeux.

Les yeux fermés

Les yeux fermés © Dupuis

Débutant comme un récit joyeux de retrouvailles familiales à l’occasion d’un moment festif, Les yeux fermés bascule rapidement dans un huis clos oppressant dans lequel la tension monte au fil des pages. Le malaise s’installe, accompagnant le trouble d’Emilie, et l’incompréhension grandit au fur et à mesure que l’on découvre l’inaction totale de la famille, voire le rejet des événements passés. Ce sentiment de révolte et de dégoût ne nous quittera plus du récit. Malgré toute la famille présente autour d’elle, malgré la chaleur étouffante de l’été, Emilie se retrouve plus seule que jamais, glacée par un passé effroyable qui ressurgit sans prévenir. Une seconde lecture permet aux lecteur.ices de lire un autre récit, de voir l’agresseur agir en toute impunité. On redécouvre le récit à travers les yeux de la victime, rendant ce témoignage plus glaçant encore.

Un contraste fort s’opère entre la chaleur et la douceur des illustrations, et le propos du récit. L’horreur peut en effet se cacher derrière de beaux atours. Rien n’est montré clairement, tout est suggéré par des ombres, des regards, des attitudes renforçant ainsi la force des propos. Le fait de ne pouvoir distinguer l’agresseur à la première lecture s’avère quelque peu troublant, la seconde lecture n’en est alors que plus forte.

Fort, bouleversant, révoltant, Les yeux fermés est un cri de colère face à l’inaction de la société et de certaines familles face à ces prédateurs bien connus qui sévissent au vu et au su de tous.

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