Février 2017, Irina, une adolescente de 15 ans, est retrouvée morte dans son lit. Les autorités concluent à un suicide, et l'affaire semble rapidement classifiée. L'inspectrice Tabares et son adjoint Sotillo sont en charge de l'affaire, mais ils ne sont cependant pas convaincus par cette théorie. Aussi, lorsqu'ils retrouvent dans la tablette de la jeune fille des photos d'elle nue et un lien avec un mystérieux photographe érotique, l'enquête prend soudainement une tournure glaçante. Miguelanxo Prado, après Proies faciles T1, revient avec un nouveau polar social froid et dur, réalisé avec toute la maestria qui le caractérise.
Proies faciles - Vautours
Eloïse de La Maison, Miguelanxo Prado
Éditeur : Rue de Sèvres
Auteur : Miguelanxo PradoTraducteur : Eloïse de La Maison
Genres : Polar / Thriller
Prix : 20.00€
- ZOO5.0
Scénario
5.0Dessin
5.0 - Lecteurs4.01 note pour 0 critique
Le synopsis de l'album Proies faciles - Vautours
La critique ZOO sur l'album Proies faciles - Vautours
C’est le grand retour de Miguelanxo Prado qui nous entraîne, cette fois, sept ans après le premier volume de Proies Faciles, dans une sordide histoire de trafic de photos pédophiles. Sans langue de bois, l’artiste s’attaque à un fléau qui montre de plus en plus le bout du groin dans notre société dite moderne.
Les cauchemars d’Irina
Depuis quelque temps, Irina s’inquiète, la jeune lycéenne a l’étrange impression d’oublier des passages de sa vie récente, d’avoir des absences. Elle se demande si on ne l’aurait pas hypnotisée ou droguée. Puis, un jour, elle reçoit un message anonyme, affirmant que la photo accompagnant le message la représente, nue, allongée sur un sofa… Persuadée qu’il s’agit d’un mauvais canular, Irina se pose néanmoins des questions… Quelques mois plus tard, son père adoptif la retrouve morte dans sa chambre, visiblement suite à une prise massive de médicaments. Chargés de constater brièvement les circonstances du décès, les Inspecteurs Tabares et Sotillo arrivent sur place et découvrent qu’étrangement des éléments ne collent pas, ils décident alors de pousser davantage leur enquête, révélant progressivement une affaire bien plus malsaine qu’ils ne le pensaient initialement…
Proies faciles, T. 2 - Vautours © Rue de Sèvres, 2024
D’actualité
Entrant de plein fouet dans une période de révélations libératrices, les affaires traitant de la maltraitance enfantine, des abus d’adultes et de ce commerce de dégénérés, émergent dans les débats publics, multipliant les scandales, et même s’ils sont régulièrement étouffés par certaines instances haut placées, elles révèlent néanmoins une des faces les plus sombres de notre société.
Avec ce même regard sans concession, Prado montre du doigt les méandres d’un système souterrain nébuleux où il est parfois difficile de débusquer le moindre indice pour identifier les « consommateurs » de cette industrie infernale de la honte.
Tout part du suicide apparent d’une ado qui vient de découvrir ce qu’on lui fait subir et comment on le lui fait oublier, à grand renfort de drogues. Les deux policiers, en charge de l’enquête, remontent progressivement les quelques fragments de piste qui se présentent, ils interrogent les parents, les amis, ses professeurs, ils essayent de dresser le portrait d’une lycéenne sans problème apparent, mais derrière qui se cache en réalité un réseau nébuleux qui impliquerait de nombreux hommes d’influence, peut-être même parmi ceux qui leur donnent des ordres.
Proies faciles, T. 2 - Vautours © Rue de Sèvres, 2024
On reste dans un traitement assez « classique » du problème, un schéma narratif que l’on retrouve invariablement dans de nombreux autres récits dénonciateurs de ce genre. Cependant, Prado construit une intrigue extrêmement bien ficelée, au suspense haletant, qui, tout en nous faisant avancer dans l’histoire, nous plonge petit à petit dans le cœur du cauchemar qu’a traversé la jeune fille.
Il n’est pas question de tomber dans le glauque racoleur, ni glisser dans le démonstratif sordide. Aucune utilité de « voir » les choses, mais plutôt de prendre conscience de l’ampleur du problème, de ses ramifications, de bien comprendre qu’il n’est pas juste question de victimes, mais d’un système qui s’organise, se protège, en toute impunité et sans scrupule.
Graphiquement, Prado est en très grande forme. L’album est vraiment magnifique, on retrouve cette approche, ces couleurs directes très texturées, ces cadrages particulièrement pensés, très précis et le sentiment général d’une très grande fluidité narrative qui nous avaient déjà séduite sur Trait de Craie ou Ardalen.
On est heureux de retrouver la virtuosité du maître.
Un album qui fait réfléchir et qui fait froid dans le dos…