L'oeil du marabout

Jean-Denis Pendanx relate, dans une histoire légèrement romancée, la vie dans un camp de réfugiés au Soudan du Sud. Il y a été invité par l’UNICEF en 2016 pour animer des ateliers de dessin. C'est de ces rencontres et de cette expérience qu'est né son ouvrage.

En pleine guerre civile, le Soudan du Sud est déchiré, et les populations civiles se réfugient dans des camps protégés par les casques bleus. Nous suivons la petite Nialony qui fuit avec sa tante après l’assassinat de son oncle lors d’une attaque sauvage. Pendant ce temps, ses parents et son grand frère se réfugient dans le camp de Bentiu. Durant vingt longs mois, Nialony reste éloignée de son père et de sa mère, jusqu'à ce que l'ONU lui permette de les rejoindre. Georges, son frère aîné, se charge de lui faire visiter les lieux. Cet endroit est comme une ville avec son activité économique regroupant différents métiers, mais clôturée de barbelés. Les habitants sont à la fois enfermés, à la fois protégés des milices et des trafics qui sévissent en dehors.

L'Œil du marabout © Daniel Maghen, 2024

Le séjour de Jean-Denis Pendanx dans cet endroit a profondément marqué l'auteur. En animant des cours de dessin, il a tissé des liens avec plusieurs dizaines d'habitants. Il a choisi un garçon et une fille parmi ses élèves, les imaginant frère et sœur, pour témoigner des conditions de vie des réfugiés. À travers Nialony et Georges, nous découvrons la manière dont chacun s’adapte, survit ainsi que le fonctionnement de cette société en vase clos. Cependant, l'auteur semble hésiter entre le reportage et la fiction, créant un résultat quelque peu bancal. En tentant de mêler les deux genres, il donne moins de profondeur à son intrigue, laissant le lecteur sur sa faim, avec un aperçu superficiel du camp et une intrigue romanesque plutôt légère.

Malgré tout, le dessin réaliste se distingue par sa beauté, offrant probablement une représentation fidèle des lieux visités. Les planches en couleurs directes offrent une vision précise des différentes parties du camp. Une mention spéciale doit être accordée à la représentation d'un marabout auquel Jean-Denis Pendanx parvient à conférer une véritable personnalité. La palette chromatique est habilement utilisée, transmettant efficacement la chaleur ambiante, même si le bonnet en laine que porte Georges pourrait faire douter le libraire.