Alex Nora - Opération Bolivar

Aventures dans le sang et la sueur pour Alex Nora au cœur de la guérilla colombienne. Cette histoire est estampillée années 90, mais avec son lifting 2024, elle se laisse lire en sirotant un cocktail (bien) alcoolisé et en fumant un cigare.

Les éditions du Tiroir poursuivent leur travail de réédition d’anciens titres d’André Taymans avec un album publié initialement par Le Lombard en 1991. Le dessinateur en était à ses débuts, il avait publié les tomes 1 des séries Nero Wolfe et Sam Griffith. La couverture reste la même à première vue, avec une nouvelle mise en couleur. Puis en y regardant de plus près, on se rend compte que Taymans a redessiné les visages des deux personnages. Et dans l’album, le dessinateur a également repris en partie le dessin. Ceux qui ont la première édition pourront comparer. Le dessin réaliste « ligne clair » de Taymans fonctionne bien dans cette ambiance virile et exotique. Ses décors et notamment la végétation nous aident à être dans le bain colombien.

Alex Nora Opération Bolivar © Éditions du Tiroir, 2024

Aventure et exotisme sont au rendez-vous de ce scénario de Gabrielle Borile (longtemps co-scénariste avec François Rivière de Victor Sackville, dessiné par Francis Carin) et Chantal Heuvel (récemment La Belle Espérance, avec Anne Teuf). La Colombie était alors victime d’une guérilla sanglante. Alex Nora est un reporter-photographe qui a le chic pour se fourrer dans des guêpiers pas possibles. Il veut aller faire un reportage parmi les guérilleros. Il est aidé par une jeune médecin colombienne par ailleurs fille d’un colonel justement chargé de mater les rebelles. Les coups fourrés s’enchaînent.

Les dialogues sont au scalpel, le découpage serré, voire elliptique (parfois un peu trop). On sent l’héritage des années 80. Plusieurs personnages pourraient bien mener un double-jeu, mais lesquels ? On n’échappe pas à quelques clichés, cependant cela passe. Il est amusant que cette histoire au héros bien macho soit scénarisée par deux femmes. À l’époque, on pensait peut-être moins à mal.

Une suite des aventures d’Alex Nora serait-elle envisageable si les lecteurs sont suffisamment nombreux pour la réclamer ?